Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1856, octavo, tome 9.djvu/71

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sur la démission, s’il en eût fait le moindre cas, sur lequel le parlement ne devoit pas montrer plus de délicatesse d’exécution que le roi n’en avoit eue pour la permission ; qu’enfin, pour lever tout scrupule, la cour avoit dans ses registres un exemple tout semblable, non en sa cause, mais en son effet, qui paraissoit fait exprès pour servir d’exemple et de modèle de ce qui se devroit faire si le cas proposé arrivoit. Que la duchesse d’Halluyn avoit épousé le fils aîné du premier duc d’Épernon qui, comme duc et pair d’Halluyn, avoit été reçu au parlement ; que huit ans après ces époux s’étant brouillés, et n’ayant point d’enfants, ils s’étoient accordés à faire casser leur mariage ; qu’ensuite la duchesse d’Halluyn s’étoit remariée au fils du maréchal de Schomberg, depuis aussi maréchal de France, lequel, au titre de ce mariage, étoit devenu aussi duc d’Halluyn et pair de France, et avoit été reçu au parlement en cette qualité, encore que l’autre mari l’eût conservée en sa totalité, parce que les rangs et les honneurs acquis par titres ne se perdent point ; qu’à la cour, aux cérémonies, le premier mari précédoit le second ; qu’au parlement, où on ne pouvoit connoître qu’un seul titulaire à la fois, celui des deux qui arrivoit le premier prenoit place, et l’autre venant après trouvoit le premier huissier qui l’abordoit dans la grand’chambre et lui disoit que M. le duc d’Halluyn étoit en place, et aussitôt celui-ci s’en retourneroit ; que le cas prévu arrivant, l’âge de l’oncle et du neveu seroient trop différents pour causer aucun embarras ; mais qu’enfin leur leçon se trouveroit toute réglée tant à la cour qu’au parlement par l’exemple des deux ducs d’Halluyn ; qu’à l’égard de la succession, il n’étoit pas douteux que le fils de l’oncle ne pourroit être duc au préjudice de son cousin et par la teneur de l’érection, et parce qu’on ne peut être duc sans posséder de droit la terre érigée, qui retourneroit de droit à ce fils qu’on imaginoit, dont la naissance feroit tomber et annuleroit seule toutes les donations de père. » Cet exemple ignoré du duc de Beauvilliers,