Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 10.djvu/327

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après, l’électeur de Cologne vit le roi fort courtement, mené dans son cabinet par le petit escalier de derrière, après le sermon, par Torcy ; deux jours après, le roi reçut l’électeur de Bavière en même lieu et à même heure et de la même façon ; mais l’électeur demeura longtemps avec lui. Ils ne couchèrent ni l’un ni l’autre à Versailles.

Il est temps maintenant de parler d’un règlement que j’obtins en ce temps-ci, pour le gouvernement de Blaye, et qui seroit peu intéressant ici sans les suites étrangères qu’il causa. On a vu ailleurs que les usurpations du maréchal de Montrevel et ses procédés là-dessus n’avoient pu être arrêtés par tout ce que j’y mis du mien, et comment il ne voulut plus de l’arbitrage de Chamillart dès qu’il fut tombé, et refusa ensuite au maréchal de Boufflers de s’en mêler. On a vu aussi que cela m’avoit empêché d’aller en Guyenne, quand, après l’étrange effet du parti de Lille, je voulus me retirer tout à fait de la cour. Lassé des impertinences continuelles d’un fou, qui l’étoit au point de dire dans Bordeaux qu’il ne m’y donneroit pas la main, et de se faire moquer de lui là-dessus par l’archevêque, le premier président, l’intendant et par tout le monde, je songeai, à la mort du duc de Chevreuse, à rendre mon gouvernement indépendant de celui de Guyenne. La Vrillière se chargea de le proposer au roi, qui reçut si bien la chose, que j’eus tout lieu de l’espérer. Mais lorsque bientôt après je vis le gouvernement de Guyenne donné au second fils de M. du Maine, je compris qu’il ne pouvoit plus s’en parler ; mais je voulois sortir d’affaires et savoir à quoi m’en tenir. Je pris donc le parti d’aller à M. du Maine, de lui parler en deux mots des entreprises continuelles du maréchal de Montrevel, de lui dire à quoi pour cela j’avois pensé et fait parler au roi à la mort de M. de Chevreuse, que je cessois d’y penser dès que M. d’Eu avoit la Guyenne, mais que je le priois de trouver bon que je lui apportasse un mémoire de l’état des questions de mon droit, raisons et usages ; qu’il voulût bien en demander autant