Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/262

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publiquement maîtresse d’Henri IV, le fit gouverneur de Paris et de l’Ile-de-France après d’O, et grand maître de l’artillerie après M. de Saint-Luc. Il en avoit déjà fait les fonctions fort longtemps auparavant pendant une longue maladie de La Bourdaisière, son beau-père, qui l’étoit. M. d’Estrées avoit été chambellan du duc d’Alençon, gouverneur de ses apanages en partie, fort bien avec lui ; et ce prince, qui par mépris pour Henri III son frère porta toujours l’ordre de Saint-Michel, sans avoir jamais voulu de celui du Saint-Esprit, l’avoit fait donner à d’Estrées, en la première promotion de 1579 ; il se démit de l’artillerie en 1599, qui fut donnée à M. de Rosny, depuis premier duc de Sully, lors en pleine faveur, lequel obtint pour vin du marché de faire passer le gouvernement de l’Ile-de-France du père au fils, qui est demeuré chez MM. d’Estrées, jusqu’à la quatrième et dernière génération. L’artillerie alors n’étoit qu’une charge. Elle ne devint office de la couronne qu’entre les mains de M. de Sully, qui le fit ériger en 1601. C’est le dernier de tous, n’y en ayant point eu d’érigé depuis.

La mère du cardinal d’Estrées étoit nièce de ce premier et célèbre duc de Sully, fille du comte de Béthune son frère, si connu par sa capacité et par ses grandes ambassades à Rome et ailleurs, et par ce grand nombre de manuscrits qu’il ramassa, que son fils augmenta, et qu’il donna au roi. Ainsi elle étoit sœur de ce second comte de Béthune, chevalier d’honneur de la reine, qui fut connu aussi par ses ambassades, et du comte de Charost, qui fut capitaine des gardes du corps, puis duc à brevet, grand-père du duc de Charost, gouverneur de la personne du roi. Ces choses ont maintenant vieilli ; il est bon d’en rafraîchir la mémoire, mais sans s’y étendre davantage.

Le père du cardinal d’Estrées fut un personnage toute sa vie par ses grands emplois, son mérite, sa capacité, et l’autorité qu’il conserva toute sa vie. Il fut maréchal de France en 1626, et il est unique que lui, son fils et son petit-fils