Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 11.djvu/314

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pressants besoins d’argent engagèrent nos rois à en tirer d’eux, pour d’une fonction à vie en faire des offices, et finalement des offices héréditaires et vénaux. Voilà donc ces juges devenus des magistrats en titre, et ces magistrats, par les mêmes besoins de finances, ont été accrus et augmentés jusqu’à la foule qu’on en voit aujourd’hui, qui peuplent Paris, les provinces sous différents noms, en divers tribunaux supérieurs et subalternes. Enfin le parlement, rendu sédentaire à Paris, agrandit ses membres légistes, et jugeant non plus par convocations diverses dans l’année, mais tout le long de l’année, acquit une dernière stabilité qui en fit une compagnie de magistrats, modèle sur lequel la commodité des plaideurs éloignés, et le nombre des procès accru à l’infini, fit former les autres parlements les uns après les autres ; et de là, comme on l’a dit, par le besoin de finances, vint l’idée et l’exécution de tant de créations de tribunaux partout, supérieurs et inférieurs de tant de sortes, et de cette foule d’offices vénaux et héréditaires de la robe.

Les légistes devenus par tous ces divers degrés les seuls qui formèrent le parlement, devenu perpétuel et sédentaire à Paris, et eux officiers en titre vénal et héréditaire, délivrés des nobles qui avoient quitté l’écritoire passagère dès qu’elle devint continuelle, et des ecclésiastiques considérables qui comme les nobles n’y étoient plus appelés par les rois comme avant Charles VI, n’eurent plus que les pairs avec eux, qui de droit et sans y être appelés par les rois, à la différence des hauts barons, des officiers de la couronne, des prélats et des nobles en quelque nombre, et nommément à chaque parlement, et jamais les mêmes, y entroient et y jugeoient toutes les fois qu’il leur plaisoit de s’y trouver. C’est de là qu’ils y ont conservé leur entrée et leur voix délibérative toutes les fois qu’ils y veulent prendre séance, tant au parlement de Paris que dans tous les parlements du royaume, où ils précèdent sans difficulté le gouverneur