Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/130

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fait l’histoire de ce temps, dont l’obscurité couvriroit la vérité. C’est donc à la vérité que je sacrifie ce qu’il en va coûter à l’amour-propre, et avec la même vérité aussi que je dirai que si j’avois connu ou seulement soupçonné dans cette princesse une partie dont le tout ne tarda guère à se développer après son mariage, et toujours de plus en plus depuis, jamais elle n’eût été duchesse de Berry.

Il est ici nécessaire de se souvenir de ce souper de Saint-Cloud si immédiat après ses noces (t. VIII, p. 417) et de ce qui est légèrement, mais intelligiblement touché du voyage de Marly qui le suivit de si près ; de cet emportement contre l’huissier qui par ignorance avoit chez elle (t. IX, p. 162) ouvert les deux battants de la porte à Mme sa mère ; de son désespoir et de sa cause à la mort de Monseigneur ; des fols et effrayants aveux qu’elle en fit à Mme de Saint-Simon, de sa haine pour Mgr [le duc] et surtout pour Mme la duchesse de Bourgogne, et de sa conduite avec elle, à qui elle devoit tout, et qui ne se lassa jamais d’aller au-devant de tout avec elle ; du désespoir de lui donner la chemise et le service lorsqu’elle fut devenue Dauphine, de tout ce qu’il fallut employer pour l’y résoudre, et de tout ce qu’elle avoit fait pour en empêcher M. le duc de Berry malgré lui, et pour le brouiller contre son cœur et tout devoir avec Mgr [le duc] et Mme la duchesse de Bourgogne (t. IX, p. 166-169) ; des causes de l’orage qu’elle essuya du roi et de Mme de Maintenon (t. IX, p. 165), et qui ne fut pas le dernier ; de la matière et du succès de l’avis que la persécution de Mme la duchesse d’Orléans et le cri public, tout indigne qu’il étoit, me força de donner à M. le duc d’Orléans sur elle (t. IX, p. 392) ; de l’étrange éclat arrivé entre elle et Mme sa mère sur le procédé des perles de la reine mère, et sur une pernicieuse femme de chambre qu’on lui chassa (t. X, p. 61) ; de celui qu’elle eut sur les places de premier écuyer de M. le duc de Berry, et de future gouvernante de ses enfants (t. X, p. 76) ; et enfin de ce qui a été touché (t. XI, p. 88), le plus