Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

furent fort jaloux. Ce crayon léger suffira pour le présent. Le roi d’Espagne fit en ce temps-ci une action qui fut extrêmement applaudie. Un simple curé s’étoit tellement accrédité par sa vie et sa conduite, qu’il se trouva en état de rendre des services très considérables dans les temps les plus calamiteux. Il fit fournir la nourriture à la cavalerie et aux troupes par le pays, et beaucoup de soldats. Il procura aussi des dons en argent, et sans s’être jamais montré ni approché de la cour, ni [avoir] changé rien en la simplicité de sa vie. Tolède vaquoit depuis assez longtemps ; c’étoit l’objet des plus ardents désirs du cardinal del Giudice, et des manèges du duc de Giovenazzo, son frère, qui étoit conseiller d’État. Le curé fut choisi ; et quand sa nomination fut partie pour Rome, le cardinal del Giudice eut permission de revenir à la cour. La duchesse d’Aveiro mourut en même temps à Madrid ; elle étoit mère du duc d’Arcos et du duc de Baños ; elle avoit figuré toute sa vie. On en a suffisamment parlé ailleurs, ainsi que du marquis de Mancera, qui, à cent sept ans, mourut aussi en même temps, et l’un et l’autre à Madrid. On a si souvent parlé de cet illustre vieillard qu’on n’y ajoutera rien davantage.

La comtesse de Roye mourut fort âgée en Angleterre. Elle y avoit perdu son mari depuis quelques années, et elle y laissa deux filles : l’une veuve sans enfants du comte de Strafford ; -l’autre, fille et un fils non marié. Elle étoit sœur de MM. les maréchaux-ducs de Duras et de Lorges. On a vu ailleurs comment la révocation de l’édit de Nantes fit retirer le comte et la comtesse de Roye en Danemark, les grands établissements qu’ils y eurent, la ridicule aventure qui les leur fit quitter pour passer en Angleterre, où ils n’en trouvèrent aucun. Elle étoit très opiniâtre huguenote, et avoit empêché la conversion de son mari. Mme de Pontchartrain, le comte de Roucy-Blansac, le chevalier de Roye et le marquis de Roye étoient aussi ses enfants, demeurés en France.

Une autre sœur de ces deux maréchaux et de la comtesse