Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/171

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soins, de devants et d’entours, rien ne transpiroit encore. Noailles ne put rien tirer de tous ces gens-là, parce que tous étoient dans la même ignorance. J’étois le seul à qui M. le duc d’Orléans s’ouvroit, et avec qui tout se discutoit sans réserve.




CHAPITRE VIII.


Réflexions sur le gouvernement présent et sur celui à établir. — Je propose à M. le duc d’Orléans les divers conseils et l’ordre à y tenir. — L’établissement des conseils résolu ; discussion de leurs chefs. — Marine. — Finances et guerre. — Affaires ecclésiastiques et feuille des bénéfices. — Constitution. — Jésuites. — P. Tellier. — Rome et le nonce. — Évêques ; leur assemblée. — Commerce du clergé de France à Rome, et à Paris avec le nonce. — Affaires étrangères. — Affaires du dedans du royaume. — Je m’excuse de me choisir une place, et je refuse obstinément l’administration des finances. — État forcé des finances. — Banqueroute préférable à tout autre parti. — Je persiste au refus des finances, malgré le chagrin plus que marqué de M. le duc d’Orléans. — Je propose le duc de Noailles. — Résistance et débat là-dessus. — M. le duc d’Orléans y consent à la fin. — Je suis destiné au conseil de régence.


Il y avoit longtemps que je pensois à l’avenir, et que j’avois fait bien des réflexions sur un temps aussi important et aussi critique. Plus je discutois en moi-même tout ce qu’il y avoit à faire, plus je me trouvois saisi d’amertume de la perte d’un prince qui étoit né pour le bonheur de la France et de toute l’Europe, et avec lequel tout ce qui y pouvoit le plus contribuer étoit projeté, et pour la plupart résolu et arrangé avec un ordre, une justesse, une équité, non seulement générale et en gros, mais en détail autant qu’il étoit