Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/232

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avoir exposé leur situation au public, et ne présume pas assez de soi pour de son chef y apporter des remèdes. Il n’en aperçoit que de cruels, c’est le public qui en portera tout le poids et toute la souffrance, soit d’une manière ou de l’autre ; n’est-il pas de la sagesse et de l’équité de lui en laisser le choix ? C’est aux états généraux qu’il le défère. Il ne fait en cela qu’imiter les rois prédécesseurs, et Louis XIII lui-même, qui les assembla et les consulta à Paris, en 1614. Il a suivi l’avis des états généraux. On ne peut donc lui imputer de présomption dans une affaire si générale et si principale ; on ne peut aussi l’accuser de faiblesse, ni d’avoir fait la plus petite brèche à l’autorité royale, puisqu’il n’a fait qu’imiter à la lettre ce que les rois prédécesseurs, jusqu’au pénultième, ont tous fait, majeurs et mineurs, et pour des cas bien moins importants. Si les états touchés de cette confiance loi en ont marqué leur reconnoissance par cette acclamation sur les renonciations, outre qu’il ne la leur a jamais demandée, ils n’ont rien fait que montrer des vœux, et une disposition de leurs cœurs conforme à celle du feu roi et de toute l’Europe, et pour ainsi dire, canoniser ses volontés, les fondements de la paix, ceux du repos de la France en quelque cas que ce puisse être, dont lui et eux espèrent, et ont en même temps montré leurs plus sincères désirs et espérance qu’il puisse n’arriver jamais, en quoi il n’a paru que de la bonne et franche volonté, et rien qui puisse toucher, le plus légèrement même, ni aux droits sacrés de l’autorité royale, ni à ceux d’aucun ordre, corps, ni particulier, pas même, ce qui est tout dire, de la branche d’Espagne, puisque elle-même a solennellement et volontairement fait, en pleins cortès assemblés à Madrid, ses renonciations, avant même que M. le duc de Berry et Son Altesse Royale eussent fait les leurs en plein parlement, dans l’assemblée et en présence des pairs, tous mandés par le roi pour s’y trouver. Où y a-t-il dans tout cela quoi que