Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/256

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d’où il se conclut qu’il n’est nul besoin du parlement pour faire ou déclarer une régence, comme il n’a pas été question de cette compagnie pour aucune des régences qui depuis tous les temps ont précédé celle de la minorité de Louis XIII, et qu’elles ne se doivent faire et déclarer que par les pairs nés, autres pairs, et les officiers de la couronne privativement à qui que ce soit.

Que si les rois ont été au parlement déclarer leur majorité, ou étant majeurs aussitôt après leur avènement à la couronne, cet ancien usage n’a rien de commun avec ce qui vient d’être dit sur les régences. Une longue prescription fondée sur la sagesse et le bien de l’État à prévenir les troubles qui, dans l’étourdissement que cause toujours la mort d’un roi, naîtroient aisément des prétentions à la régence, en a établi le droit au plus proche du sang du roi mineur mâle ou femelle, encore que celles-ci soient exclues de la couronne, mais cela même rend témoignage que la régence n’est pas comme la couronne, et qu’elle étoit déférée par l’avis des grands qui renfermoit un jugement : au lieu que la séance du roi au parlement, dès qu’il est parvenu majeur à la couronne, ou pour y déclarer sa majorité s’il étoit mineur, n’a pour objet aucun jugement à rendre ni réel, ni fictif, comme est l’objet de faire et de déclarer une régence, parce que la faire étoit un jugement réel autrefois, dont on retient l’image ; et la déclaration, déclarer le jugement rendu de l’adjudication de la régence.

Cette première séance du roi au parlement, soit majeur en succédant à la couronne, soit mineur qui y vient déclarer sa majorité, n’est donc autre chose que de venir au lieu public, et le plus solennellement destiné à rendre à ses sujets la justice en son nom, pour y faire publiquement et solennellement sa fonction de juge unique et suprême de tous ses sujets, de qui émane le pouvoir de juger à tous les divers degrés de juridictions, et de juge de son suprême fief, qui est son royaume, à cause de sa couronne et de son