Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/260

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mais qu’il ne croiroit jamais que l’équité et la sagesse de la compagnie exigeât que ce fût aux dépens des droits de sa naissance et de ceux à qui il s’étoit adressé, ni qu’elle pût prétendre que deux exemples uniques et modernes prescrivissent une règle ignorée jusque-là de toute l’antiquité, et pareillement lever la séance ; en se levant, passer les yeux sur tout le monde, et se faire suivre par tous les pairs, intéressés ainsi que les officiers de la couronne à soutenir ce qui s’étoit passé avec eux. Si le roi avoit fait des dispositions, ajouter qu’il auroit toujours tout le respect pour la mémoire du roi, et tous les égards qu’il lui seroit possible pour ses volontés, mais que tous les siècles apprenoient que toute l’autorité personnelle des rois finissoit avec eux, qu’ils n’en ont aucune sur une régence dont personne ne peut prendre prétexte par sa naissance de partager l’autorité ; que ce seroit manquer à ce qu’il se doit à soi-même de souffrir que son honneur, sa fidélité pour la personne du roi, son attachement au bien de l’État demeurassent soupçonnés, et par son propre aveu, en se soumettant à des dispositions inspirées par l’ambition de qui avoit voulu profiter de la faiblesse de l’âge et des approches de la mort ; que les dispositions si sages et si utiles de Charles V et de Louis XIII n’avoient eu aucun effet ; que celles de Louis XIV, qui étoit bien éloigné des circonstances qui avoient porté ces deux grands rois à les faire, ne pouvoient donc être plus recommandables que les leurs, ni avoir un sort plus consistant ; qu’en un mot, celles de ces deux princes n’alloient qu’à maintenir le bon ordre et le repos de l’État ; que celles du roi n’y pourroient mettre que du trouble, dont il n’est pas juste que l’État soit menacé ni travaillé pour l’ambition particulière de quelques-uns, et pour exécuter aveuglément les dernières volontés du roi en matière d’État, quand celles de pas un de ses nombreux prédécesseurs qui en avoient laissé n’avoient jamais été considérées un