Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/294

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Pas un mot dans cet édit d’honnêteté pour le parlement, ni terme d’estime ni de confiance ; nulle nomination, ni indication même d’exécuteur du testament ; enfin, ce n’est point au parlement ni à personne qu’il est confié. L’édit ordonne seulement qu’il sera déposé au greffe, sans parler d’aucune sorte de précaution pour l’y garder, et le greffe est choisi simplement comme un lieu public et ordinaire de dépôt. Ainsi le parlement n’y est chargé de rien, ni pas un de ses magistrats ; et le greffe ne l’est que comme de tous autres actes qui y sont déposés. Les duplicata envoyés aux parlements du royaume par les ordres du conseil de régence font voir une attention marquée pour l’autorité de ce conseil, et pour omettre le nom de régent, laquelle est bien significative, et qui relève bien aussi toute la négligence affectée dans l’édit pour le parlement, qui étoit l’occasion et le lieu de dire des choses à flatter cette compagnie, dont il résulte deux choses : l’une, que le parlement n’y fut pour rien, ni en corps, ni par aucun de ses membres ; l’autre, que les précautions si grandes pour la conservation du dépôt furent uniquement du cru et du fait du premier président, pour rendre odieux le seul homme en haine duquel le testament parût fait, comme étant capable de s’en saisir par violence, et mettre ce dépôt ainsi que le duc du Maine, en faveur duquel il parut visiblement fait, sous la protection de la justice, du parlement, du peuple, de la multitude. Il est certain que le duc du Maine ne pouvoit rien ajouter à de telles précautions, ni plus complètement profiter d’un premier président qui lui avoit livré son âme.

Le premier président et le procureur général allèrent chez le roi, au sortir de chez le chancelier. Ce voyage si concerté n’avoit point de moments convenables pour une visite du premier président à M. du Maine, dont sûrement il avoit bien auparavant reçu les ordres et les instructions, et tout débattu et concerté avec lui. Le roi, en leur disant ce qui a été rapporté, et sans parler d’aucune précaution, leur