Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/451

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Il se servit pour y réussir de ce foible du roi pour tous les petits détails. Il l’entretint de ceux des troupes, des inconvénients qu’il lui forgea de les laisser à la discrétion des colonels, trop nombreux pour pouvoir tenir un œil sur chacun d’eux aussi ouvert et aussi vigilant qu’il seroit nécessaire ; enfin il lui proposa d’établir des inspecteurs choisis parmi les colonels les plus appliqués et les plus entendus au détail des troupes, qui les passeroient en revue dans les districts qui leur seroient distribués, qui examineroient la conduite des colonels et des officiers, qui recevroient leurs plaintes, et celles même des soldats cavaliers et dragons, qui entreroient dans les détails pécuniaires avec autorité, dans celui du mérite, du démérite, du service de chacun, qui examineroient et régleroient provisoirement les disputes, et ce qui regarderoit l’habillement et l’armement sur tout le complet ; les chevaux et leurs équipages, qui rendroient un compte exact de toutes ces choses deux ou trois fois l’année au roi, c’est-à-dire à lui-même, sur lequel on régleroit toutes choses avec connoissance de cause dans les régiments, et on connoîtroit exactement le service, la conduite et le mérite, l’esprit même des corps des officiers qui les composoient et des colonels, pour décider avec lumière de leur avancement, de leurs punitions et de leurs récompenses.

Le roi, charmé de ces nouveaux détails et de la connoissance qu’il alloit acquérir si facilement de cette immensité d’officiers particuliers qui composoient toutes ses troupes, donna dans le piège, et en rendit par la Louvois le maître immédiat et despotique. Il sut choisir les inspecteurs qui lui convenoient ; c’étoient des grâces de plus qu’il se donnoit à