Le cardinal Sala, prélat d’une autre trempe, mourut peu de jours après, allant à Rome prendre son chapeau. C’étoit un Catalan de la lie du peuple, qui se trouva de l’esprit et de l’ambition, et qui, pour se tirer de sa bassesse et tenter la fortune, se fit bénédictin dans le pays. Le hasard fit que l’archiduc étant venu à Barcelone, ses écuyers prirent le père de Sala pour son cocher. Le fils chercha à mettre ce hasard à profit, et à se faire connoître à l’archiduc, et compter par ses ministres. Son esprit étoit tout à fait tourné à l’intrigue et à la sédition. Il la jeta dans tous les monastères de la ville et de la province, et y parut partout comme le chef, le conducteur et le plus séditieux. Il rendit en effet de grands services à l’archiduc par sa hardiesse et par l’adresse de ses manèges, tellement qu’il parut nécessaire à ce prince d’élever Sala pour le mettre en état de servir plus en grand. Cette considération le fit évêque de Girone. Ses progrès séditieux furent tels dans cette dignité que l’archiduc le fit passer à l’évêché de Barcelone, où il se rendit si considérable même à l’archiduc, qu’il en obtint sa nomination au cardinalat, et de forcer le pape, malgré sa juste répugnance pour un tel sujet, de le déclarer cardinal, lorsque la prospérité des armes des alliés eut obligé le pape de reconnoître