Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 12.djvu/81

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fut mariée la première à Lautrec, fils d’Ambres, qui avoit la bonté d’en être amoureux. Il fut mal payé de ses feux ; jamais il ne put adoucir sa belle, qui sentit à qui elle avoit affaire, et qui sut s’en avantager. Le pauvre mari en quitta le service et Paris, la vérité est que ce ne fut pas une perte, et se confina en province. Ils n’eurent point d’enfants. C’est le frère aîné de Lautrec, aujourd’hui lieutenant général et chevalier de l’ordre, qui a épousé une sœur du duc de Rohan.

Le duc de La Rochefoucauld maria en même temps le duc de La Rocheguyon, son fils, aujourd’hui duc de La Rochefoucauld, à Mlle de Toiras, riche héritière, née et élevée en Languedoc, auprès de sa mère, d’où elle n’étoit jamais sortie. Bâville, intendant ou plutôt roi de cette province, fit ce mariage. Il étoit ami intime de la mère, et on a vu la raison de l’intimité qui s’est entretenue entre MM. de La Rochefoucauld et les Lamoignon, depuis l’adroite et hardie vérification des lettres d’érection de La Rochefoucauld. Cette héritière étoit la dernière de cette maison, et ne descendoit point du maréchal de Toiras, qui ne fut point marié. Sa grand’mère étoit Élisabeth d’Amboise, comtesse d’Aubijoux, qui, par le hasard de son frère, qui fut tué en duel par Boisdavid, hérita d’une partie de ses biens.

Le prince de Cellamare, ambassadeur d’Espagne, arriva à Paris. Quatre jours après, il vint à Marly au lever du roi, qui lui donna aussitôt après audience dans son cabinet. Il alla de là chez M. le duc d’Orléans, à qui il présenta une lettre du roi d’Espagne fort obligeante, en réponse de celle qu’on a vu que ce prince lui avoit écrite. Fort peu après ; cet ambassadeur revint faire sa cour à Marly. Le roi lui promit le premier logement qui y vaqueroit. Ici et en Espagne, l’ambassadeur est de droit de tous les voyages, comme ambassadeur de la maison. Mme de Saint-Simon, qui avoit besoin des eaux de Forges, demanda la permission d’y aller peu de temps après. Nous étions logés au premier pavillon