Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/161

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des requêtes refusent de rapporter au conseil de régence, s’ils n’y sont assis, ou si ceux de ce conseil qui ne sont ni ducs, ni maréchaux de France, ou conseillers d’État, n’y sont debout tant que les maîtres des requêtes y seroient. — Les conseillers au parlement mis dans les conseils imitent les maîtres des requêtes, et le régent le souffre. — Deux exemples de l’inconvénient qui en résulte pour les affaires. — Les maîtres des requêtes cèdent enfin aussitôt après la mort du chancelier Voysin, et, sans plus de prétentions, rapportent debout au conseil de régence. — Les conseillers d’État emportent d’y précéder tout ce qui n’est pas duc ou officier de la couronne, lorsqu’ils y viennent extraordinairement.


Tous ces conseils choisis, il fallut enfin en venir à celui de régence, dont la formation étoit la plus difficile. Il devoit être composé d’assez peu de membres pour le rendre plus auguste, et il y avoit plusieurs personnages ennemis de M. le duc d’Orléans, ou fort suspects, que leur état ne permettoit pas d’en exclure. Tels étoient le duc du Maine, le comte de Toulouse, le maréchal de Villeroy, le maréchal d’Harcourt dès qu’il avoit refusé la place de chef du conseil des affaires du royaume, le chancelier Voysin dès que M. le duc d’Orléans avoit fait la faute énorme de se laisser engager à lui laisser les sceaux. Toulouse et Harcourt n’étoient que suspects : ils l’étoient beaucoup, l’un par son être et par son frère, quelque différent qu’il fût de lui ; l’autre par son ancienne intimité avec Mme de Maintenon et la princesse des Ursins. Tous les autres étoient ennemis. Il falloit donc les contre-balancer par des gens sûrs pour M. le duc d’Orléans, et qui fussent en état de se faire écouter dans le conseil, où toutes les affaires du dehors et du dedans étoient rapportées des autres conseils, et décidées en dernier ressort en celui-ci à la pluralité des voix. Il fallut de plus considérer que celle de M. le duc ne pouvoit encore être d’aucun poids, et que ce poids, venu avec l’âge, se pouvoit, par les intérêts et les cabales, détourner aussi aisément contre que pour M. le duc d’Orléans.

La facilité de ce prince fut telle eu chose de cette importance,