Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le duc du Maine, pour que celui-ci ne la prît pas non plus avec lui, et trouva bon que lui et le comte de Toulouse la prissent avec tout ce qui n’est point prince du sang. Ainsi M. le Duc recula sur tout, et le duc du Maine gagna tout, puis [que] M. le Duc et lui demeuroient égaux en ne prenant ni l’un ni l’autre ensemble la qualité de princes du sang, et M. du Maine demeurant autorisé par M. le Duc à la prendre, lui et son frère, avec toutes autres personnes. Il n’y avoit que le retentum [1] de ne renouveler ses protestations contre cette qualité que du consentement de M. le duc d’Orléans. Aussi ne fut-ce qu’un replâtrage, qui n’eut pas même loisir de sécher. Tout se passa entre eux d’une manière fort aride, et qui promettoit ce qui arriva depuis. Je passe sous silence ce qui fut convenu sur l’intérêt pécuniaire, comme n’étant intéressant qu’en tant que ce fut cet intérêt qui porta celui de la qualité du rang, etc., jusqu’où les choses furent portées dans la suite.

Une autre affaire se présenta à juger au conseil de régence, parce que M. le duc d’Orléans ne sut pas imposer et ordonner que les choses demeureroient sur le même pied qu’elles avoient été sous le feu roi et sous ses derniers prédécesseurs. Nous étions encore à Versailles après la mort du roi, que Beringhen, premier écuyer, me dit que M. le Grand vouloit prétendre toute la dépouille de la petite écurie, et toute supériorité de sa charge sur la sienne. J’en fus d’autant plus surpris que le comte d’Harcourt et M. le Grand, son fils, d’une part, et les deux Beringhen, père et fils, d’autre part, avoient passé leur vie et toute celle du feu roi dans ces deux charges, sans prétention d’une part, sans dépendance de l’autre, nonobstant toute la supériorité personnelle et tout le crédit constant des deux grands écuyers, dont le dernier n’avoit qu’à ouvrir la bouche pour obtenir sur-le-champ du roi tout ce qui lui plaisoit. Je n’ai point su qui mit cela si

  1. Partie d’un arrèt qui restait secrète.