Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/388

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aux Pays-Bas trouvoient que ces délais de les mettre en possession donnoient de la hardiesse aux peuples qui leur devoient devenir soumis de se mêler de trop d’informations. Ils avoient même secrètement consulté Bergheyck, dont j’ai si souvent parlé, sur les droits qu’on vouloit tirer d’eux, et avoient fait partir leurs députés pour aller porter leurs remontrances à Vienne. Surtout les Impériaux et les Anglois ne goûtoient point la proposition de la neutralité des Pays-Bas, faite par le régent, à laquelle la Hollande paraissoit assez favorable. Une autre affaire occupoit l’empereur. C’étoit l’entier rétablissement des électeurs de Cologne et de Bavière. L’électeur de Mayence, directeur de l’empire, le sollicitoit ardemment pour contrebalancer l’autorité des protestants dans le collège électoral. L’empereur sentoit la nécessité d’y faire rentrer ces deux électeurs par leur accorder leur investiture, mais il leur excusoit ses délais sur ceux de la France à restituer quelques bailliages à l’électeur palatin, et à satisfaire d’autres particuliers qui se plaignoient à cet égard de l’inexécution des traités de Rastadt et de Bade. Cet aveu fut appuyé de l’espérance que l’empereur leur donna de finir leur rétablissement, si la France demeuroit opiniâtre, pour les en détacher et faire retomber sur elle les délais de leurs désirs, ajoutant qu’il verroit après à trouver les moyens d’obliger la France à exécuter les traités. Le régent, instruit de cette malice, et qui avoit chargé le comte du Luc, ambassadeur de France à Vienne, de convenir des limites de l’Alsace, jugea sagement qu’il devoit ôter à l’électeur palatin l’occasion du recours à l’empereur, et tout prétexte à Sa Majesté Impériale à l’égard des électeurs de Cologne et de Bavière en faisant de lui-même justice au palatin. Les autres particuliers ne l’avoient pas de leur côté, ni la considération d’influer rien dans les affaires.

Il se trouva bientôt que la reconnoissance de l’Angleterre pour l’Espagne du dernier traité de commerce entre elles, où Philippe V s’étoit si légèrement désisté des articles qu’il