Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/393

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qui avoit eu sous Philippe III [1] la même autorité que celui-ci exerçoit sous Philippe V.

La cour de Londres, inquiète des mouvements domestiques, croyoit avoir intérêt à former des liaisons avec l’Espagne, et caressoit Monteléon son ambassadeur. Wolckra, envoyé de l’empereur, s’en aperçut, et les fit craindre à Vienne comme peu compatibles avec celles de ces deux cours, tandis que Stairs ne s’occupoit qu’à aigrir les ministres d’Angleterre contre le régent, dont il interprétoit sinistrement toutes les actions, et lui en supposoit même pour assister puissamment le Prétendant, sur lequel Stanhope se laissa emporter à plus que des plaintes amères. Les deux partis qui divisoient l’Angleterre s’animoient également contre la France : les torys l’accusoient d’ingratitude par son indifférence pour le Prétendant ; les whigs au contraire, de manquer aux paroles données à l’entrée de la régence en soutenant ce prince de tout son pouvoir, sur quoi ils s’emportèrent violemment ; et tinrent dans la chambres des communes les discours les plus vifs là-dessus. L’Espagne à cette occasion étoit aussi louée que la France blâmée, et on redoubloit les protestations d’amitié à Monteléon. On savoit que l’empereur étoit pressé par plusieurs de ceux qui l’approchoient de plus près, même par quelques-uns de ses ministres, de porter la guerre en Italie. Ils lui représentoient qu’il n’en retrouveroit jamais une occasion si favorable, par l’extrême faiblesse de tous les princes d’Italie, qui n’avoient même aucune préparation de défense ; et c’étoit ce nouvel incendie que Monteléon se crut en situation de prévenir par l’Angleterre. L’empereur goûtoit plus ce projet d’Italie qu’il ne s’en laissoit entendre. Il étoit armé ; mais les Turcs, enflés de la conquête de la Morée et de leurs

  1. Il faudrait lire Philippe IV au lieu de Philippe III. Ce fut, en effet, sous Philippe IV que le comte-duc d’olivarez fut principal ministre, de 1621 à 1643, Philippe III avait eu pour favoris le duc de Lerme et le duc d’Uzeda qui furent arrêtés au commencement du règne de Philippe IV.