Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/409

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parlement, qu’il auroit refusés dans une paix bien assurée. Ainsi bien servis par Stairs pour continuer les défiances et les jalousies, il leur mandoit faussement que le régent lui avoit promis de chasser tous les Anglois rebelles et qu’il manquoit à sa parole, et leur suggéroit de solliciter Son Altesse Royale de poursuivre le Prétendant jusque dans Avignon, et d’obliger le pape à l’en faire sortir s’il s’y vouloit retirer. En même temps ils ne pouvoient ignorer les secours que l’Espagne avoit donnés à cet infortuné prince ; mais résolus de l’ignorer, ils n’épargnoient aucunes assurances de l’amitié et de l’union la plus intime avec elle. Le roi d’Angleterre déclara qu’il se croyoit comme engagé par le traité d’Utrecht à garantir la neutralité de l’Italie, et qu’il étoit disposé à former de nouvelles liaisons avec le roi d’Espagne pour la maintenir, et de plus pour confirmer et renouveler toutes les alliances précédentes. Monteléon profita de tant d’empressement extérieur pour parler à Stanhope de la triple alliance proposée par l’Angleterre entre elle, l’empereur et la Hollande, dont Walpole avoit depuis peu présenté le projet aux États généraux.

Stanhope ne put désavouer un fait public, mais il assura Monteléon que ce projet n’avoit rien de contraire aux traités de paix, aux intérêts du roi d’Espagne, ni au renouvellement proposé entre l’Angleterre et l’Espagne des anciennes alliances, ni à prendre avec elle un nouvel engagement pour la neutralité de l’Italie. Il lui fit valoir le refus de l’Angleterre à d’autres propositions que l’empereur lui avoit faites, et finit par beaucoup d’aigreurs et de plaintes contre la France, qu’il dit chercher à négocier avec l’Angleterre, laquelle ne l’écouteroit point qu’elle n’eût des preuves de sa sincérité, et qu’elle ne sût ce que le Prétendant deviendroit et ceux qui suivoient sa fortune. Stanhope tiroit ainsi avantage de la disposition de la France à conserver la paix, et de ce qu’elle avoit agréé les offres que lui avoit faites Duywenworde de travailler au rétablissement d’une parfaite