Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/430

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verrons bientôt qu’il ne sortit point de Paris, et qu’il mourut de peur ou de rage.

L’affaire du duc de Berwick ne fut pas sitôt consommée. Il s’aperçut que sa patente pour commander en Guyenne le soumettoit aux ordres du comte d’Eu, qui, comme devenu prince du sang, prétendoit faire de Paris les fonctions de gouverneur de Guyenne. Cela s’étoit évité avec Montrevel, qui y avoit été envoyé du vivant du duc de Chevreuse, et avant qu’il fût question des dernières apothéoses de ces bâtards ; d’ailleurs point d’exemple à l’égard des princes du sang sur les maréchaux de France, commandant dans leurs gouvernements ; mais c’étoit le temps des entreprises, surtout des princes du sang et des bâtards comme tels. Berwick renvoya la patente. Le régent en brassière, amateur du poison des mezzo-termine, qui toujours désespèrent celle [1] qui a raison, et ne contente pas celle qui a tort, fit ce qu’il put pour concilier les choses. Berwick, sans s’en embarrasser, ne mollit point, dit qu’il ne connoissoit point de milieu entre être ou n’être pas aux ordres d’un autre, se renferma à déclarer qu’il n’avoit point demandé ce commandement, et qu’il ne l’accepteroit point à une condition nouvelle et déshonorante. Quelque mouvement que les bâtards, et même, pour ce fait particulier, que les princes du sang se pussent donner, parce qu’il les regardoit également, il en fallut passer par où le maréchal voulut. Le régent comptoit sur lui dans une province jalouse, et si proche de l’Espagne : la patente fut réformée ; il n’y fut pas fait la moindre mention du comte d’Eu. Les maréchaux de France, qui avoient doucement laissé démêler la fusée à leur confrère, furent fort contents, lui beaucoup davantage ; et le rare fut que M. du Maine, y ayant perdu sans réserve tout ce qu’il avoit prétendu, voulut paroître content aussi.

Le parlement persistoit à ne vouloir point enregistrer les

  1. La partie.