Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 13.djvu/449

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une nouvelle guerre que Duywenworde, leur ambassadeur à Londres, qui s’étoit offert pour moyenner une alliance entre la France, l’Angleterre et ses maîtres, s’en ralentit tout à coup, et que les ministres de France et d’Espagne à Londres lui ayant demandé si les Hollandois souffriroient tranquillement que l’empereur violât la neutralité d’Italie et s’en rendît le maître, il répondit nettement qu’ils ne feroient jamais rien qui pût déplaire a ce prince.

L’incertitude de la guerre de Hongrie duroit toujours. L’empereur, selon sa coutume, parloit haut partout par ses ministres : à la Porte, par la paix de Carlowitz, qui l’obligeoit à s’armer en faveur des Vénitiens ; en effet, parce qu’il craignoit que les Turcs ne s’étendissent dans la Dalmatie ; en France, que si on secouroit le pape de troupes, elles auroient plus affaire aux Impériaux qu’aux Turcs ; en Angleterre, des mépris de leur froideur ; en Hollande, beaucoup de mécontentement sur les prolongations de l’exécution du traité de la Barrière, quoiqu’ils la voulussent flatter ; c’est qu’avant de finir, les États généraux vouloient s’assurer du terrain que l’empereur leur céderoit ; ce qui dépendoit du succès de la députation que la province de Flandre avoit envoyée à Vienne, qui répandoit des listes des forces impériales à cent soixante-douze mille sept cent quatre-vingt-dix hommes, et qui essaya inutilement d’engager le régent à faire sortir de France le prince Ragotzi qui, retiré aux Camaldules dans la plus sincère dévotion, ne songeoit à rien moins qu’à travailler à troubler l’empereur.

Stairs ne laissa pas de chercher encore à inquiéter sa cour sur la France par rapport au Prétendant, quoique lui-même vît bien qu’il n’y avoit rien à en craindre ; mais il prit un ombrage plus effectif de la marche de quarante bataillons en Languedoc et en Guyenne sous un commandant qui tenoit de si près au Prétendant. Il en parla au régent qui lui répondit que ces quarante bataillons n’étoient que dix, et n’étoient envoyés que pour la consommation des denrées ;