un million d’écus sur le clergé des Indes, pour tenir lieu de l’imposition appelée sussidio y escusado, dont le roi d’Espagne vouloit le rétablissement à perpétuité, et ce million n’étoit payable qu’une fois ; ainsi l’offre ne répondant pas à la demande, Acquaviva ne voulut pas s’en contenter, et le pape y ajouta un million cinq cent mille livres à lever sur le clergé d’Espagne. Il restoit une troisième affaire bien plus importante à régler : l’abus des franchises du clergé est porté en Espagne, et dans les pays subjugués par la tyrannie romaine et l’aveuglement grossier, [à un tel point] que tout ecclésiastique est exempt ; jusque dans son patrimoine, de quelque sorte d’imposition que ce puisse être. Mais ce n’est pas tout, c’est qu’à un abus si énorme se joignoit, comme de droit, la plus parfaite friponnerie et le mensonge le plus avéré ; tout le bien d’une famille se mettoit sur la tête d’un ecclésiastique qui lui donnoit sous main de bonnes sûretés ; à ce moyen elle jouissoit de son bien à l’ombre ecclésiastique, et n’en payoit pas un sou d’aucune imposition. Ajoutez cela à la nécessité de recourir au pape pour obtenir des secours d’un clergé qui regorge des biens du siècle, et au pouvoir du tribunal de l’inquisition et de celui de la nonciature, qui anéantit totalement les évêques, et on verra, et encore en petit, jusqu’où va la domination romaine, quand on a la faiblesse et l’aveuglement de s’en laisser dompter.
On espéroit donc voir bientôt une fin à ce différend, mais on craignoit fort les traverses des Espagnols, surtout de l’arrivée à Rome du cardinal del Giudice, et ce Diaz, agent d’Espagne à Rome, qui crioit de toute sa force contre la promotion d’Albéroni. Les Espagnols ne pouvoient supporter de voir toutes les affaires de la monarchie entre les mains des Italiens, soit dans son centre, soit à Rome et ailleurs ; et leurs cris, fondés sur l’indignité du personnage, l’honneur de la pourpre, le respect de l’Église, la réputation