Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/187

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y avoit si bien pensé qu’il avoit commencé à en jeter un règlement sur le papier, mais qu’en avançant il avoit réfléchi au grand nombre d’avocats, de procureurs, d’huissiers que ce règlement ruineroit, et que la compassion qu’il en avoit eue lui avoit fait tomber la plume de la main. Par la même raison il ne faudroit ni prévôts ni archers qui arrêtent les voleurs, et qui les mettent en chemin certain du supplice, dont par cette raison la compassion étoit encore plus grande. En deux mots, c’est que la durée et le nombre des procès fait toute la richesse et l’autorité de la robe, et que par conséquent il les faut laisser pulluler et s’éterniser. Voilà un long article ; mais je l’ai cru d’autant plus curieux qu’il fait mieux connoître comment un homme de tant de droiture, de talents et de réputation, est peu à peu parvenu, par être sorti de son centre, à rendre sa droiture équivoque, ses talents pires qu’inutiles, à perdre toute sa réputation, et à devenir le jouet de la fortune.




CHAPITRE IX.


Infamie du maréchal d’Huxelles sur le traité avec l’Angleterre. — Embarras et mesures du régent pour apprendre et faire passer au conseil de régence le traité d’Angleterre. — Singulier entretien, et convention plus singulière, entre M. le duc d’Orléans et moi. — Le traité d’Angleterre porté et passé au conseil de régence. — Étrange malice qu’en opinant j’y fais au maréchal d’Huxelles. — Conseil de régence où la triple alliance est approuvée. — Je m’y oppose en vain à la proscription des jacobites en France. — Brevet de retenue de quatre cent mille livres au prince de Rohan, et survivance à son fils de sa charge des gens d’armes. — Le roi mis entre les mains des hommes. — Présent de cent quatre-vingt mille livres de pierreries à la duchesse de Ventadour. — Survivance du grand fauconnier à son fils enfant. — Famille, caractère et mort de