Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/256

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l’abbé Dubois avoit paru très embarrassé, et fort peu content de la proposition qu’il lui avoit faite de comprendre le roi d’Espagne dans l’alliance ; qu’en effet on avoit vu pendant tout le cours de la négociation qu’il ne s’agissoit que d’un traité particulier, uniquement pour les intérêts du régent ; que plus les ministres Anglois avoient insisté à ne faire mention ni de succession respective, ni des traités d’Utrecht, plus l’abbé Dubois, au contraire, avoit désiré et sollicité que cotte condition réciproque fût clairement exprimée ; que c’étoit à ce prix qu’il avoit offert de signer tous les articles et avantages demandés par l’Angleterre ; qu’il avoit employé toutes sortes de moyens pour parvenir à la conclusion du traité ; qu’il avoit enfin gagné les ministres d’Hanovre, en les assurant que la France garantiroit à cette maison la possession de Brème et de Verden, et qu’elle s’engageroit à ne donner désormais aucun subside à la Suède. Stanhope avouoit que, depuis la conclusion du traité, le régent témoignoit beaucoup d’attention et d’empressement pour les intérêts et pour les avantages du roi d’Angleterre ; que même l’abbé Dubois avoit donné des avis de la dernière importance ; mais comme bon Anglois, il disoit que, lorsqu’il s’agissoit de se fier à la France, il falloit suivre le conseil donné à celui qui se noyoit au sujet de l’invocation de saint Nicolas. Cette maxime établie, Stanhope assura Monteléon que le roi d’Espagne éprouveroit en toutes choses l’amitié du roi d’Angleterre ; qu’il pouvoit arriver de grands événements et des révolutions imprévues, où les secours du roi d’Angleterre ne lui seroient pas inutiles. Il en auroit peut-être dit davantage, mais Monteléon jugea de la prudence de ne pas marquer trop de curiosité (et la chose étoit assez intelligible), et d’attendre d’autres conjonctures pour le faire parler encore sur la même matière. Stanhope lui confia qu’il attendoit l’abbé Dubois, et que vraisemblablement il résideroit quelque temps en Angleterre.

Ce royaume menaçoit de nouveaux remuements. L’état de