Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/26

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aujourd’hui. Alors n’étoit pas marquis, comte, baron qui vouloit, et gentilhomme signifioit alors des seigneurs aussi qualifiés, et souvent plus en grandes charges, que les marquis, comtes, et souvent leurs frères, oncles, neveux et enfants. Cet usage ancien d’appeler de tels seigneurs du nom de gentilshommes est encore demeuré dans l’ordre du Saint-Esprit, où on nomme de ce nom tous les chevaliers non princes ni ducs ; et on y dit marcher ou seoir, ou être reçu parmi les gentilshommes ; ce qui est un reste du style d’autrefois.

La seconde est mal expliquée. On y voit seulement le prince de Condé et le duc de Nevers aux côtés du roi. L’un y est énoncé prince du sang, l’autre pair de France. Ni l’un ni l’autre n’avoit de charge ; ce n’étoit donc, qua l’un par naissance, l’autre par dignité qu’ils marchoient ainsi. Or ils n’étoient pas seuls à accompagner le roi, et il n’est pas dit un mot d’aucun autre. Les princesses, duchesses, etc., sont marquées marcher au milieu de la rue, entre le parlement à droite, et la chambre des comptes à gauche. Elles avoient donc le milieu, par conséquent le meilleur lieu, puisqu’il n’est pas douteux que, qui est au milieu entre deux autres, en cérémonie, précède celui qui est à sa droite comme celui qui est à sa gauche. Il n’est donc pas douteux, par l’énoncé, que le prince de Coudé, et le duc de Nevers côtoyant le roi, sans fonction nécessaire de charges, précédoient le parlement, et que les dames, qui marchoient entre cette compagnie et la chambre des comptes, ne les précédassent aussi toutes les deux. Quoiqu’on ne voie rien dans l’énoncé des autres seigneurs de la suite du roi, ce rang des dames empêche d’imaginer qu’ils en aient en un inférieur.

La troisième ne s’explique que collectivement. Après lesdits roi et reine et leur suite marchoit ladite cour de parlement. Il est au moins clair que cette suite le précéda ; et que si le roi seul le pouvoit précéder, il auroit eu son capitaine des gardes et tout au plus son grand chambellan, ou en son absence