Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

siens, États et prétentions. Marie d’Anjou, sœur de son père et du bon roi René, étoit mère du roi Louis XI. En ce prince finit la branche seconde d’Anjou-Sicile. On voit ainsi par toutes [sortes] d’endroits qu’il n’y avoit aucune parenté avec nos rois Bourbons ni même Valois, à titre de mariage du bon roi René, duc d’Anjou, roi de Naples et de Sicile, avec Jeanne de Laval-Montfort, de laquelle même il n’y a point eu d’enfants. Secondement, et voici où l’effronterie est plus étrange, c’est que M. de Laval, bien sûr de l’ignorance publique, n’a pas craint le mensonge le plus net en se jouant du nom et des armes de Laval, dont voici le fait et la preuve :

Matthieu II, seigneur de Montmorency, épousa en premières noces Gertrude de Nesle, duquel mariage descend toute la maison de Montmorency jusqu’à aujourd’hui. Le même Matthieu, connétable de France, épousa en secondes noces Emme de Laval, héritière de cette ancienne maison, dont les armes sont de gueules à un léopard passant d’or. Il n’en eut qu’un fils et une fille. Ce fils fut Guy de Montmorency qui, succédant aux grands biens de sa mère, quitta le nom de Montmorency, et prit pour soi et pour toute sa postérité le seul nom de Laval ; mais il retint les armes de Montmorency, qu’il chargea pour brisures de cinq coquilles d’argent sur la croix. De lui est descendue toute la branche de Montmorency qui, depuis lui jusqu’à présent, n’a plus porté que le seul nom de Laval dans toutes ses branches, avec les armes de Montmorency brisées des cinq coquilles, qui font ce qu’on a appelé, depuis qu’elles ont été prises, les armes de Laval. Ce Guy de Montmorency, dernier fils du connétable Matthieu II, fils unique de sa seconde femme Emme, héritière de Laval-Vitré, etc., prit non seulement le nom de Laval en héritant de sa mère, mais le nom de baptême de Guy, que les pères de sa mère avoient affecté. Ainsi il s’appela Guy VII de Laval, et fit passer d’aîné en aîné cette même affectation du nom de Guy. Il eut cinq descendants