Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/332

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fils n’a point laissé d’enfants, et le maréchal de Raiz une fille unique, mariée au maréchal de Loheac-Laval-Montfort, morts tous deux sans enfants. On voit ainsi que rien n’est si essentiellement différent, ni plus étranger l’un à l’autre, quoique avec le même nom et les mêmes armes que ces deux maisons de Laval, l’une cadette de Montmorency, l’autre du nom de Montfort en Bretagne, qui quitta son nom et ses armes pour porter uniquement le nom de Laval et les armes de Montmorency brisées de cinq coquilles d’argent sur la croix, en épousant la riche et unique héritière de la branche aînée de Laval-Montmorency, et la facilité qu’a eue la hardiesse de M. de Laval de revêtir les branches de Laval-Montmorency des plumes d’autrui, et de s’attribuer toutes les grandeurs, alliances et distinctions des Laval-Montfort éteints depuis si longtemps. Il drapa donc à la mort du roi, et tous les Laval ont toujours depuis drapé sur ce fondement si évidemment démontré faux par ce qui vient d’en être mis au net.

Mais cette mensongère usurpation n’est pas la seule imposture dont le même M. de Laval ait voulu s’avantager, et que son audace ait alors persuadée à l’ignorance du monde, et à son incurie et à sa paresse d’examiner. Il publia que sa maison avoit eu la préséance sur le chancelier de France, et sur sa périlleuse parole, on eut la bonté de n’en pas douter. La vérité est qu’il se contenta d’avancer cette fausseté ainsi en général, et qu’il se garda bien de s’enferrer dans aucune particularité d’occasion ou de date. Le célèbre André du Chêne, qui a donné une histoire fort étendue de la maison de Montmorency, où il n’oublie rien pour la relever ; et qu’il dédia à M. le Prince, fils d’une fille du dernier connétable de cette maison, n’en dit pas un mot, et il n’est pas croyable que ses recherches lui eussent laissé ignorer un fait aussi singulier, ou qu’il eût voulu l’omettre. Ni les Laval-Montfort n’ont eu cette préséance dans toute la durée de leur grandeur ; ni les cadets Laval-Montmorency de cette héritière de