Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/353

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parler, comme un moyen contre les défauts de mémoire, et ceux de la promptitude du discours, et de la confusion de la conversation.

Avant d’entrer en matière, Votre Altesse Royale se souviendra s’il lui plaît, par deux faits trop graves pour lui être échappés, que de tous ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher dans tous les temps aucun n’a plus d’estime, ni, pour ainsi parler, de goût naturel pour les états généraux que j’en ai toujours eu. L’un est que, travaillant sous les yeux de feu Mgr le Dauphin, père du roi, aux projets dont vous avez pris quelques parties ; le principal des miens étoit des états généraux de cinq ans en cinq ans, et de les simplifier de manière qu’ils se pussent assembler sans cette confusion qui les a si souvent rendus inutiles ; que ces états généraux fussent en grand et en corps le surintendant des finances pour les dons, les impôts, leur répartition, leur recette, et leur dépense ; qu’il fût compté de tout devant eux ; qu’entre chaque tenue il en subsistât une députation d’un personnage de chacun des trois ordres pour faire dans l’intervalle les choses journalières et d’autres pressées, jusqu’à certaines bornes, par une administration dont ils seroient comptables aux états prochains ; qu’ils eussent durant net exercice un rang et des privilèges, qui vous ont montré jusqu’où va mon respect pour la nation représentée ; et que ce qui seroit mis à part pour les dépenses particulières du roi, comme une espèce de liste civile, fût géré par un trésorier, qui n’en compteroit qu’au roi par sa chambre des comptes.

L’autre est celui d’assembler les états généraux aussitôt après la mort du feu roi, dont Votre Altesse Royale se peut souvenir combien j’ai pris la liberté de l’en presser, qu’elle l’avoit résolu, et que, si elle a depuis changé d’avis, ç’a été constamment contre le mien.

Il n’est pas question ici de s’arrêter à ces deux faits, qu’il suffit de représenter à votre mémoire en deux mots. Le premier ne pouvoit être d’usage que sous un roi majeur et