Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/39

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sans nombre, toutes plus monstrueuses les unes que les autres, et qui renversent l’ordre du royaume et toutes les lois divines et humaines. Je ne suivrai même le cours de ce procès que sur les événements importants, et j’en abandonnerai un inutile et ennuyeux détail. Je me renfermerai là-dessus aux démarches que les ducs ne purent se refuser en cette occasion, et à la part que j’ai pu y prendre.

Les princes du sang attaquant les bâtards dans l’usurpation de leur qualité de princes du sang et de succession à la couronne, les pairs tomboient nécessairement dans le cas de disputer à ces mêmes bâtards l’usurpation du rang au-dessus d’eux. Ils avoient résolu de présenter leur requête en même temps que les princes du sang présenteroient la leur. Je ne l’avois pas laissé ignorer, comme on l’a vu, à M. du Maine ni à Mme la duchesse d’Orléans, dès le règne du feu roi et depuis il ne fut donc plus question que de l’exécuter. On s’assembla ; on la résolut ; on la dressa ; tous signèrent, hors cinq ou six absents, le duc de Rohan, toujours étrange en tout, et d’Antin qui nous pria de le dispenser de se trouver à ces assemblées. La dernière ne fut que pour signer, et députer sur-le-champ quatre pairs pour la porter au régent. MM. de Laon, de Sully, de La Force et de Villeroy en furent chargés. Je refusai opiniâtrement d’en être, par considération pour Mme la duchesse d’Orléans. En même temps que nous sortîmes de chez M. de Laon, où en l’absence de M. de Reims nous nous étions assemblés, les quatre députés allèrent présenter au régent notre requête au roi, et en même temps j’allai chez Mme la duchesse d’Orléans Je lui dis que je ne voulois pas qu’elle apprît par M. le duc d’Orléans, moins encore par le public, la démarche que nous faisions au moment que je lui parlois ; que je la suppliois de se souvenir que nous avions attendu à l’extrémité à la faire ; de ne point oublier ce que je lui avois dit là-dessus du vivant du roi, et répété depuis sa mort plus d’une fois, et à M. le duc du Maine, même à Mme du Maine, la