Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 14.djvu/84

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par conséquent auprès du roi. Il se vantoit que les impressions qu’on avoit voulu lui donner à son égard n’avoient fait que mieux faire connoître son zèle et ses services ; qu’il avoit tout crédit sur la reine ; qu’il se moquoit de ceux qui prétendoient que Macañas entretenoit un commerce secret avec le roi d’Espagne. C’est qu’il savoit par la reine, pour qui le roi n’avoit point de secret, qu’Aubenton avoit pensé être perdu pour lui avoir seulement nommé le nom de Macañas, sans autre intention que de dire qu’il en avoit reçu une lettre par laquelle ce martyr des droits des rois d’Espagne, contre les entreprises de Rome, se recommandoit à ses bans offices. Belle leçon pour les magistrats en place et en devoir de soutenir les droits de leurs rois contre les usurpations continuelles des papes ! Je dis des rois, car la France a eu aussi ses Macañas, et employés par le feu roi et ses ministres, qui n’ont pas en un meilleur sort, sans compter le grand nombre qu’il y en a eu depuis le célèbre Gerson. Albéroni prétendoit avoir sauvé le confesseur, parce qu’il se le croyoit attaché, et se donnoit pour avoir résolu d’exterminer ses ennemis.

Au commencement de septembre, le roi d’Espagne, fit avertir le roi d’Angleterre de sa résolution de faire partir, l’année suivante 1717, une flotté pour la Nouvelle-Espagne et lui promit de l’avertir plus particulièrement du mois qu’elle mettroit à la voile. Ainsi rien ne manquoit aux attentions de l’Espagne pour l’Angleterre, et à sa ponctuelle observation de leurs traités. Les Hollandois, qui de leur côté ménageoient l’Espagne, lui firent savoir qu’ils étoient disposés à signer une ligue défensive avec la France et l’Angleterre. Leur dessein étoit de témoigner par cet avis leur respect et leur confiance au roi d’Espagne, et de l’inviter à entrer dans ce traité. Il répondit qu’il ne s’en éloignoit pas, mais qu’il falloit, avant de s’expliquer, qu’il fût informé des conditions de cette alliance. L’abbé Dubois, qui regardoit la conclusion du traité avec l’Angleterre comme le premier grand