Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/196

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le roi d’Espagne ; mais prévoyant qu’il auroit peine à se porter à des partis extrêmes, Sa Majesté Impériale vouloit bien se contenter de lui demander :

Qu’Aldovrandi fût rappelé et privé de tous ses emplois, pour avoir été l’instrument de l’intelligence secrète entre le pape et le roi d’Espagne ;

Qu’Albéroni fût cité à Rome pour y rendre compte de sa conduite, ou que le pape fît passer un de ses ministres en Espagne pour lui faire son procès ;

Que le roi d’Espagne fût privé de toutes les grâces que le saint-siège avoit accordées non seulement à lui, mais à tous ses prédécesseurs ;

Que la croisade fût levée au profit de Sa Majesté Impériale dans le royaume de Naples et le duché de Milan ;

La promotion au cardinalat du comte d’Althan sur-le-champ et sans aucun délai ;

Des quartiers d’hiver dans l’État ecclésiastique pour ses troupes qu’il vouloit faire passer incessamment en Italie. Véritablement on voit bien qu’il étoit difficile de rien demander de plus modeste.

La pape pria Gallas de lui laisser ces demandes par écrit. Il vouloit répondre dans le premier mouvement que, si l’empereur en venoit à la violence, il irait le recevoir le crucifix à la main. Son nonce en même temps n’étoit plus admis chez l’empereur. Il eut grande peine à en obtenir audience pour l’informer de la promotion de Czaki. Elle ne lui fut accordée qu’à condition qu’il n’y parleroit d’aucune autre affaire. Quoique l’empereur eût fort désiré et pressé cette promotion, il répondit dédaigneusement au nonce qu’il ne savoit encore s’il accepteroit la grâce que le pape faisoit à cet archevêque. Ainsi la cour de Vienne exigeoit avec empire les grâces qu’elle vouloit obtenir de Rome, les méprisoit après les avoir obtenues, la gouvernoit par cette politique, et la tenoit toujours tremblante devant le prince qu’elle regardoit comme le maître de l’Italie, toujours prête à suivre et à