Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/278

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

se baigner à Saint-Cloud ; M. le duc d’Orléans y mena Mme la duchesse de Lorraine l’après-dînée. Ils soupèrent tous de fort bonne heure dans la petite maison de Mme de Maré, avec elle, leur ancienne gouvernante, et ce souper fut poussé fort tard. Le duc de Lorraine avoit dîné le même jour chez la comtesse d’Harcourt, dont le mari avoit eu la pension de seize mille livres de notre monnaie, qu’il donnoit au feu prince Camille. M. de Lorraine fut quelques jours après voir Chantilly ; après, avec Mme la duchesse de Lorraine, voir Mme la princesse de Conti, fille du roi, à Choisy, et voir encore Mademoiselle à Chelles. Mme la duchesse de Lorraine, étant au Cours, y trouva le roi, et arrêta devant lui comme de raison. Le roi passa dans son carrosse sans lui rien dire. Le lendemain, le duc de Lorraine alla voir la reine d’Angleterre à Saint-Germain, et Mme de Lorraine fut à la comédie française, qu’elle n’avoit vue que sur le théâtre de l’Opéra. Le même soir M. le duc d’Orléans soupa avec le duc de Lorraine à Luxembourg chez Mme la duchesse de Berry. Le 29 mars, M. et Mme de Lorraine allèrent voir Versailles, et le 1er avril de bonne heure voir Marly, rabattirent à Saint-Cloud, où M. le duc d’Orléans les promena fort et leur donna à souper dans la petite maison de Mme de Maré, avec elle quelques jours après M. le duc d’Orléans les mena dîner chez d’Antin.

Tout ce voyage et tous ces divers délais n’avoient d’objet que l’arrondissement de la Lorraine, dont aucun duc ne gagna jamais tant, si gros ni à si bon marché que celui-ci, et ne fut pourtant jamais si peu considérable. M. le duc d’Orléans aimoit fort Mme sa sœur, avec laquelle il avoit été élevé et [avait] vécu jusqu’à son mariage avec le duc de Lorraine. Il avoit pour Madame un respect timide, qui opéroit une déférence extrême quand elle n’attaquoit ni ses goûts ni ses plaisirs, et Madame, qui aimoit extrêmement Mme sa fille, avoit une passion aveuglément allemande pour le duc de Lorraine son gendre, pour sa famille, pour sa