Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/281

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notre roi Henri IV. Henri, duc de Lorraine, son fils, qui épousa la sœur de Henri IV, en janvier 1599, morte sans enfants en février 1604, et qui ne devint duc de Lorraine que quatre ans après par la mort de son père, n’eut et ne prétendit jamais ce traitement ; et Charles-Léopold, père du duc de Lorraine dont il s’agit ici, reconnu duc de Lorraine par toute l’Europe (quoiqu’elle lui fût détenue par la France pour en avoir refusé la restitution à certaines conditions), qui fut un des plus grands capitaines de l’Europe et qui rendit les plus grands services à l’empereur Léopold, dans son conseil et à la tête de ses armées ; qui de plus avoit l’honneur d’avoir épousé sa sœur, reine, veuve de Michel Wiesnowieski, roi de Pologne, qui en eut le traitement toute sa vie, et qu’on appeloit la reine-duchesse, ce duc son mari, si grandement considéré à Vienne, n’a jamais eu ni prétendu l’Altesse. Royale à Vienne ni ailleurs. Il est mort en 1690, et la reine-duchesse en 1697. Le duc de Lorraine, qui la prétendoit maintenant, n’étoit pas autre que ses pères, ni plus grandement marié. La réponse étoit péremptoire, et c’est ce qu’il vouloit parer en se fondant sur l’exemple de M. de Savoie, et se plaignant tendrement d’une distinction si flétrissante. C’étoit un sophisme dont il sentoit bien aussi le faux, mais qu’il fournissoit comme prétexte à qui le vouloit aveuglément combler. Voici le fait :

Aucun duc de Savoie n’avoit eu ni prétendu l’Altesse Royale avant le beau-frère de M. le duc d’Orléans, qui est devenu depuis roi de Sicile, puis de Sardaigne. Le fameux Charles-Emmanuel, vaincu à Suze par Louis XIII en personne, ne manquoit ni de fierté ni d’audace. Il étoit gendre et appuyé de Philippe II, roi d’Espagne ; jamais il ne l’a eue ni prétendue, non plus que le beau-frère de Louis XIII’. Longtemps avant que le duc de Savoie, beau-frère de M. le