Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/377

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n’avoit jamais concouru à cette invasion. Il demandoit pressamment la réponse au bref du 25 août, se plaignoit amèrement qu’au lieu de cette réponse, attendue depuis si longtemps, on ne songeoit en Espagne qu’à se préparer à la guerre. Aldovrandi reçut en même temps beaucoup de reproches de sa conduite. Le pape l’accusoit d’être la cause indirecte de tous ces malheurs, fruits des calomnies répandues contre Sa Sainteté, pour n’avoir pas présenté au roi d’Espagne son bref du 25 août. Il étoit également tancé d’avoir délivré les brefs pour la levée des subsides ecclésiastiques, et de ce qu’ils avoient eu leur exécution. Pour y remédier, le pape voulut que son nonce pressât le roi d’Espagne de répondre à ce bref du 25 août, parce que son silence le privoit d’un moyen très nécessaire et très puissant pour confondre ses calomniateurs. Il lui ordonna de plus très expressément de retirer les brefs contenant les concessions qu’il avoit faites au roi d’Espagne, et disoit qu’il ne comprenoit pas la difficulté à les rendre, puisqu’ils ne pouvoient avoir d’exécution, et n’en devenoient pas plus efficaces pour demeurer entre les mains des ministres de Sa Majesté Catholique. Il déclara en même temps que, si le roi d’Espagne prétendoit en faire quelque usage, il ne pourroit s’empêcher de les révoquer expressément pour satisfaire à sa conscience. Il reprocha vivement à Aldovrandi d’avoir négligé de l’informer de l’usage que le P. Daubenton avoit fait du pouvoir qu’il lui avoit conféré, d’absoudre le roi d’Espagne de ce qu’il avoit fait contre l’autorité du saint-siège pendant les différends entre les deux cours ; et se plaignit de plus d’être si mal instruit par son nonce, qu’il étoit obligé de recourir aux lettres particulières, même aux gazettes, pour apprendre ce qui se passoit en Espagne ; en un mot, il vouloit, à quelque prix que ce fût, trouver des sujets de se plaindre, soit de son nonce, soit de l’Espagne. Il croyoit que c’étoit la seule voie d’apaiser les Allemands et de les désabuser de l’opinion qu’ils avoient prise ; mais