Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/380

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tout nouvellement arrivé de Madrid à Rome, d’y retourner sur-le-champ porter à Albéroni la barrette. Il ordonna donc à ce neveu de partir dans l’instant non pour Madrid, mais pour Bologne sa patrie, et d’y demeurer malgré toutes les instances du cardinal Acquaviva. Ce neveu fut même accusé d’avoir reçu du roi d’Espagne une pension sur l’évêché de Malaga. Pendant que le cardinal Paulucci étoit chargé de porter ces refus à Acquaviva, le pape, par des voies souterraines, faisoit passer à ce dernier ses gémissements et ses larmes sur l’état et la conduite d’Aldovrandi ; et par ce double manège autorisoit les discours de ceux qui ne se contraignoient pas de publier que tout n’étoit que fiction dans Sa Sainteté, excepté la frayeur des Impériaux, et le désir extrême de les apaiser. De là on prévoyoit qu’il ne s’accommoderoit ni avec la France ni avec le roi de Sicile, parce que cela déplairoit à la cour de Vienne, et l’obligeroit à changer de langage. Le pape en effet éludoit de répondre sur les affaires de Sicile. Pressé par le cardinal de La Trémoille de déclarer ses intentions, il prit pour prétexte de se taire qu’il n’avoit point encore de réponse du roi de Sicile ; qu’il désiroit savoir si La Trémoille pourroit engager ce prince à s’expliquer ; et qu’il verroit ensuite s’il feroit quelque proposition qui se pût accepter.




CHAPITRE XVI.


Négroni, odieux à la France, nommé vice-légat d’Avignon sans participation de la France, contre la coutume établie. — Ottobon veut lier avec Albéroni. — Nouvelles scélératesses de Bentivoglio. — Le pape refuse au cardinal Albéroni les bulles de l’archevêché de Séville. — Audace, plan, propos d’Albéroni uni d’attachement et de