Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/392

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il y fut répondu que l’empereur ne les avoit demandées qu’en vertu d’un résultat de la diète de l’empire, fondé sur la nécessité de soutenir la guerre contre l’ennemi commun de la chrétienté ; qu’il étoit juste que toute puissance dépendante de l’empire, comme étoient les princes d’Italie, concourussent aux besoins et aux succès de cette guerre ; et que ce n’étoit point agir contre la neutralité que d’exiger d’eux des contributions pour cet effet ; qu’enfin, si l’Espagne réparoit les infractions qu’elle avoit faites à la neutralité, et qu’elle cessât d’en commettre de nouvelles, l’empereur cesseroit aussi d’exiger aucunes sommes des princes d’Italie, n’étant pas juste que, pendant que l’empereur se lieroit les mains, le roi d’Espagne se crût le maître d’agir librement comme il croiroit convenir à ses intérêts. Ces réponses de l’empereur furent non seulement goûtées à Londres, mais particulièrement appuyées du roi d’Angleterre et de ses ministres.

Stanhope n’oublia rien pour intimider Monteléon, et par lui le roi d’Espagne, en lui représentant les suites funestes de la guerre que ce prince vouloit allumer en Italie, qui, en deux ans, deviendroit générale, feroit revivre les droits de l’empereur sur l’Espagne, ceux de Philippe sur la France, et qu’il se trouveroit peut-être des princes qui prétendroient aussi régler la succession d’Angleterre ; et que le seul moyen d’éviter tant de maux étoit de terminer les différends entre l’empereur et l’Espagne de manière que le roi d’Espagne pût être satisfoit, et que la négociation entreprise à Londres eût un heureux succès. Il employoit les espérances et les menaces. Quelquefois il promettoit que, si l’empereur se rendoit trop difficile, le roi d’Angleterre se croiroit dégagé de toute garantie ; il disoit la même chose si les refus venoient de la part du roi d’Espagne. Stanhope cependant avoit l’adresse de faire voir un penchant particulier pour l’Espagne ; ou bien Monteléon vouloit le faire croire à Madrid, soit pour se faire un mérite d’avoir su gagner un des