Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/461

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écrivoit directement à Albéroni que l’escadre destinée pour la Méditerranée serviroit le roi d’Espagne, quelque parti que prît l’empereur de refuser ou d’accepter le projet du traité. Il en exalta de nouveau les avantages et de quelle importance il seroit pour le roi d’Espagne d’avoir un pied en Italie, et de mettre actuellement garnison espagnole dans Livourne, assuré de la garantie des principales puissances de l’Europe. Monteléon, flatté par ces discours, étoit persuadé que le roi son maître réussiroit s’il vouloit contracter une alliance solide avec la France, l’Angleterre et la Hollande ; qu’il ne tiendroit qu’à lui de stipuler de la part de ces puissances un engagement formel d’empêcher à jamais les Impériaux d’exercer des vexations en Italie, et sous des prétextes mendiés d’attaquer ces princes dans leur liberté, leurs biens et leur souveraineté. Mais, pendant que Stanhope lui donnoit de si bonnes paroles et de si belles espérances, ce ministre et Sunderland assuroient tous deux Penterrieder que, si l’empereur vouloit signer le traité, le roi d’Angleterre en rempliroit fidèlement les engagements, et qu’il se porteroit aux dernières extrémités contre l’Espagne.

Les ministres d’Angleterre crurent apparemment devoir s’expliquer si clairement pour déterminer la cour de Vienne, parce qu’ils surent que la négociation du roi de Sicile avançoit, qu’elle étoit fortement appuyée par quelques Espagnols impériaux que ce prince avoit gagnés, et qu’ils conseilloient à l’empereur de s’emparer de Parme et de Plaisance, pour échanger cet État contre la Sicile. Les ministres piémontois travailloient également de tous côtés pour traverser le traité de Londres, et pendant qu’ils faisoient leurs efforts à Vienne pour unir leur maître avec l’empereur, ils se liaient eux-mêmes avec les ministres des princes d’Italie, en France et en Angleterre, pour empêcher le succès du projet concerté entre le régent et le roi d’Angleterre. Ce prince connoissoit combien les vues du roi de Sicile étoient dangereuses, et par conséquent de quelle importance il étoit d’empêcher qu’il ne