Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/464

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NOTES.


I. LE GARDE DES SCEAUX, D'ARGENSON.


Page 225.


Le marquis d’Argenson donne dans ses Mémoires[1] des détails assez étendus sur son père. Il ne sera pas sans intérêt de les comparer avec ce que Saint-Simon dit de ce même personnage. C’est un complément indispensable de ses Mémoires. Voici quelques extraits des notes du marquis d’Argenson sur son père.

« Mon père naquit à Venise : il eut la république pour marraine, et pour parrain le prince de Soubise, qui voyageoit alors en Italie. J’ai une lettre originale de Balzac[2] sur sa naissance : il prophétise une grande illustration au petit Venise. Mon père, ayant achevé ses études à Paris, revint en Touraine. Il vouloit servir ; la tendresse paternelle s’y opposa. L’âge gagnoit ; il étoit un peu tard pour aborder une autre carrière. Mon père trouva des ressources du côté maternel. M. Houlier, son aïeul maternel, vivoit encore ; il étoit lieutenant général au bailliage d’Angoulême : il proposa de lui résigner sa charge ; c’étoit un des beaux ressorts du royaume. Mon père accepta non sans répugnance, mais ne pouvant se faire au désoeuvrement. Mon père eut de tout temps l’amour du travail ; j’en possède des preuves multipliées remarques sur ses lectures, dissertations sur la politique, extraits historiques, études du droit public et particulier, j’en ai des volumes. De quoi cela pouvoit-il servir à un pauvre gentilhomme campagnard, ou même à un juge de province ? Mais cette charge subalterne étoit déjà une magistrature.

« Cependant mon père étoit recherché par ce qu’il y avoit de meilleure compagnie dans la province ; il étoit de toutes les fêtes, convive

  1. Édition de 1825, p. 183 et suiv.
  2. Jean-Louis Guez, seigneur de Balzac, gentilhomme du pays d’Angoumois, était en relation d’amitié avec la famille d’Argenson.