Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1857, octavo, tome 15.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
consultée favorable à Albéroni, contraire à Aldovrandi, qui excuse Albéroni sur la destination de la flotte espagnole. — L’entreprise de l’Espagne, au-dessus de ses forces sans alliés, donne lieu à beaucoup de divers raisonnements. — Albéroni se moque d’Aldovrandi et de Mocenigo. — L’entreprise généralement blâmée, colorée de l’enlèvement de Molinez. — Vanteries et fausseté impudente d’Albéroni. — Inquiétude pour la Sicile. — Le secret confié au seul duc de Parme. — Ses avis et ses conseils. — Albéroni fait cardinal dans le consistoire du 12 juillet. — Cris sur sa promotion. — Giudice s’y distingue. — Malaise du roi d’Angleterre dans sa cour et dans sa famille. — Comte d’Oxford absous en parlement. — Éclat entre le roi d’Angleterre et le prince de Galles. — Inquiétude sur l’entreprise d’Espagne moindre en Hollande qu’à Londres. — Applaudissements et avis de Beretti. — Son intérêt personnel. — Les Impériaux somment le roi d’Angleterre de secours avec peu de succès. — Caractère du comte de Peterborough. — Secret profond de la destination de l’entreprise de l’Espagne. — Double hardiesse d’Albéroni. — Plaintes et menaces de Gallas, qui font trembler le pape. — Frayeur de toute l’Italie. — Hauteur et sécurité d’Albéroni. — Aldovrandi veut persuader que l’entreprise se fait malgré Albéroni. — Mouvements partout contre cette entreprise, et opinions diverses.


L’accommodement des différends entre les cours de Rome et de Madrid avoit été conclu entre Aldovrandi et Albéroni, et signé par eux. Il avoit été porté au duc de Parme par un courrier dépêché de l’Escurial le 17 juin, et les deux plénipotentiaires attendoient avec impatience l’approbation du pape sur un ouvrage dont l’élévation de l’un et la fortune de l’autre dépendoient également. Dans cette attente Albéroni s’inquiétoit peu de la prison de Molinez. Il l’accusoit d’imprudence d’avoir passé par Milan, et il disoit qu’il n’y auroit pas grand mal quand il n’arriveroit jamais en Espagne. Quelque occupé qu’il fût de se voir enfin revêtu incessamment de la pourpre, il ne laissoit pas que de tenir les yeux ouverts sur la situation de l’Europe. Il n’étoit point alarmé de la trouver pleine de semences de troubles ; il mettoit le point de sagesse à savoir en profiter quand ils arriveroient.