de la mauvaise foi de la maison d’Autriche, et de l’enlèvement de Molinez.
Gallas, ambassadeur de l’empereur à Rome, ne tarda pas à se plaindre fortement au pape que le roi d’Espagne employoit l’indult qu’il lui avoit accordé sur le clergé, non contre les Turcs, mais pour faire la guerre à l’empereur ; et s’étendit sur des projets qui attentoient à la neutralité de l’Italie. Le pape répondit qu’il n’avoit point encore à se plaindre du roi d’Espagne, qui lui avoit promis un secours maritime contre les Turcs ; qu’il n’étoit pas en droit de trouver mauvais qu’après avoir exécuté sa promesse, l’escadre s’employât à quelque chose d’utile à son service ; et qu’à l’égard de la neutralité d’Italie, il n’en pouvoit rien dire, parce que jamais on ne lui avoit fait part du traité pour l’établir ; qu’il étoit vrai que le roi d’Espagne lui avoit offert de ne point inquiéter l’empereur pendant la guerre de Hongrie, mais avec une condition réciproque, que l’empereur avoit refusée. Gallas, court de raisons, mais qui connoissoit le terrain, répondit par des menaces que l’empereur feroit incessamment une trêve avec les Turcs, et qu’il enverroit quarante mille hommes en Italie, dont l’État ecclésiastique et celui de Parme entendroient parler les premiers.
Il n’en falloit pas tant pour effrayer le pape. Aussitôt après l’audience, il manda l’envoyé de Parme, et le conjura de dépêcher à l’instant un courrier à Madrid, d’y représenter vivement le péril imminent où le duc de Parme se trouvoit exposé, et de n’y rien oublier pour détourner toute entreprise capable de troubler le repos de l’Italie.
Outre ces menaces, les projets de la cour de Vienne inquiétoient cruellement les princes d’Italie, et faisoient trembler les Vénitiens, environnés en terre ferme par les États et les troupes de l’empereur, qui vouloit encore se rendre maître de leurs mers par de nouveaux ports dans le golfe Adriatique, et les assujettir par les forces maritimes qu’il se proposoit d’y établir. On disoit de plus qu’il prétendoit