Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/115

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sauroit ajouter au respect, à l’amitié, aux soins, à l’attachement qu’ils eurent toujours pour leur père, et à la confiance qu’ils eurent pour leur mère, qui trouvèrent enfin leur bonheur par eux. L’aîné, fort sobre ; la cadet aimoit à souper et à boire le petit coup, mais sans excès et sans préjudice aux occupations sérieuses auxquelles il avoit toujours l’esprit bandé.

Mme de Lévi, et par sa plus intime famille et personnellement notre amie intime, les initia peu à peu avec Mme de Saint-Simon et avec moi. Le duc de Charost y contribua aussi ; ils nous cultivèrent fort. J’y trouvai beaucoup de ce qu’on ne trouvoit plus, et ils devinrent enfin nos amis. Ils me furent souvent utiles à m’apprendre bien des choses, et j’eus souvent le plaisir de leur rendre des services. Nous étions sur ce pied-là dans le temps duquel j’écris, et l’amitié entre nous s’est toujours depuis conservée la même. Belle-Ile avoit fait en Flandre connoissance avec Le Blanc, qui se tourna en la plus intime amitié et confiance. Le Blanc l’introduisit auprès de l’abbé Dubois chez lequel il fut bientôt en privance et en apparence de confiance. Il fut bien aussi avec le garde des sceaux et peu à peu avec beaucoup d’autres. M. le Duc le prit en grande amitié, tellement que Belle-Ile profita de cette situation pour réveiller les anciens projets de l’échange de Belle-Ile. Avant de rien proposer là-dessus, il s’étoit assuré de Law par l’abbé Dubois et Le Blanc, et du garde des sceaux par les mêmes. Il pouvoit compter sur M. le Duc et sur le comte de Toulouse, qui fut toujours de ses amis déclarés. Il se saisit de Fagon qui avoit une autorité dans les finances, qui alla toujours en croissant, et qui toute sa vie lui fut totalement dévoué ; il s’assura encore de plusieurs autres. Il pointoit dès lors assez pour attirer les yeux, et il se trouva gens du plus haut parage qui trouvèrent qu’il croissoit trop vite, qui voulurent l’arrêter de bonne heure, et que ses hommages ne purent émousser. Je ne sais par où la vieille cour l’avoient pris en