Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/183

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sur une chose aussi importante ; que, s’il avoit besoin de quelque chose de plus pour être autorisé, il lui défendoit, comme son évêque diocésain et son supérieur, de laisser administrer ou d’administrer lui-même les sacrements à Mme la duchesse de Berry, tant que M. de Rion et Mme de Mouchy seroient dans la chambre, même dans le Luxembourg, et n’en seroient pas congédiés. On peut juger de l’éclat d’un si indispensable scandale, de l’effet qu’il fit dans cette pièce si remplie, de l’embarras de M. le duc d’Orléans, du bruit que cela fit incontinent partout. Qui que ce soit, pas même les chefs de la constitution, les plus violents ennemis du cardinal de Noailles, les évêques du plus bel air, les femmes du plus grand monde, les libertins même, pas un seul ne blâma ni le curé ni son archevêque, les uns par savoir les règles ou par n’oser les impugner, le gros et le plus nombreux par l’horreur de la conduite de Mme la duchesse de Berry, et par la haine que son orgueil lui attiroit.

Question après entre le régent, le cardinal et le curé, tous trois dans le coin de la porte, qui d’eux porteroit cette résolution à Mme la duchesse de Berry, qui ne s’attendoit à rien moins, et qui toute confessée, comptoit à tous moments de voir entrer le saint sacrement et le recevoir. Après un court colloque, que l’état de la malade pressa, le cardinal et le curé s’éloignèrent un peu tandis que M. le duc d’Orléans se fit entr’ouvrir la porte et appeler Mme de Mouchy. Là, toujours la porte entr’ouverte, elle dedans, lui dehors, il lui déclara de quoi il étoit question. La Mouchy, bien étonnée, encore plus indignée, le prit sur le haut ton, dit ce qu’il lui plut sur son mérite et sur l’affront que des cagots entreprenoient de lui faire et à Mme la duchesse de Berry, qui ne le souffriroit et n’y consentiroit jamais, et qui la feroit mourir dans l’état où elle étoit, si on avoit l’imprudence et la cruauté de le lui dire. La conclusion pourtant fut que la Mouchy se chargea d’aller dire à Mme la duchesse de Berry ce qui étoit