Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/185

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cette pièce étoit extrême, qui sut enfin ce détail par-ci par-là, et tout de suite après dans la journée. Mme de Saint-Simon, avec quelques dames de Mme la duchesse de Berry, et quelques autres qui étoient venues savoir des nouvelles, étoit assise dans une embrasure de fenêtre, un peu au loin, qui voyoit tout ce manége, et qui de temps en temps étoit instruite de ce qui se passoit.

Le cardinal de Noailles demeura plus de deux heures avec M. le duc d’Orléans, desquels à la fin le monde principal se rapprocha. Le cardinal voyant enfin qu’il ne pouvoit entrer dans la chambre, sans une sorte de violence et fort contraire à la persuasion, trouva indécent d’attendre inutilement davantage. En s’en allant il réitéra ses ordres au curé, et lui recommanda de veiller à n’être point trompé sur les sacrements qu’on tenteroit peut-être d’administrer clandestinement. Il s’approcha ensuite de Mme de Saint-Simon, la prit en particulier, lui conta ce qui s’étoit passé, s’en affligea avec elle et de tout l’éclat qu’il n’avoit pu éviter. M. le duc d’Orléans se hâta d’annoncer à Mme sa fille le départ du cardinal, dont lui-même se trouva fort soulagé. Mais en sortant de la chambre, il fut étonné de trouver le curé collé tout près de la porte, et encore plus de la déclaration qu’il lui fit que c’étoit là le poste qu’il avoit pris et dont rien ne le feroit sortir, parce qu’il ne vouloit pas être trompé sur les sacrements. En effet, il y demeura ferme quatre jours, et les nuits de même, excepté de courts intervalles pour la nourriture et quelque repos qu’il alloit prendre chez lui, fort près de Luxembourg, et laissoit en son poste deux prêtres jusqu’à son retour ; enfin, le danger passé, il leva le siège.

Mme la duchesse de Berry, bien accouchée d’une fille, n’eut plus qu’à se rétablir, mais dans un emportement égal contre le curé et contre le cardinal de Noailles auxquels elle ne l’a jamais pardonné, et fut de plus en plus ensorcelée des deux amants qui se moquoient d’elle, et qui ne lui étoient