d’argent brodée, et tout l’habit garni de boutons et de boutonnières de diamants. À la considération que M. le duc d’Orléans lui avoit toujours témoignée, on fut surpris et lui mortifié de ce qu’il ne l’alla point voir, et il parut si peu touché de sa maladie et de sa mort, que les maréchaux de Villeroy, Villars, Tessé, Huxelles et autres en prirent une nouvelle inquiétude. L’écurie et les équipages de M. le duc d’Orléans qu’Effiat entretenoit moyennant une somme, se trouvèrent dans un grand délabrement. Biron fut deux jours après choisi par M. le duc d’Orléans pour remplir cette charge lucrative.
Il faut dire maintenant où j’ai pris ce récit curieux ; car j’étois fort éloigné d’avoir jamais eu aucun commerce avec d’Effiat. Du Palais avoit épousé la mère de Lanmary, et vivoit avec lui dans la plus étroite amitié, contre l’ordinaire de telles parentelles ; il conta tout ce que je viens d’écrire à Lanmary qui étoit fort de mes amis et en est encore, qui me le rendit incontinent après.
La Vieuville mourut à Paris ; il étoit veuf de la dame d’atours de Mme la duchesse de Berry, et avoit été chevalier d’honneur de la reine, mais le plus pauvre et le plus obscur homme du monde.
Mme de Leuville mourut aussi à soixante-sept ans. Son mari, mort très jeune, étoit frère de la femme d’Effiat, duquel on vient de parler, morte jeune aussi et tous deux sans enfants. Le chancelier Olivier étoit leur trisaïeul paternel, mort en 1560, dont le père fut premier président du parlement de Paris, après avoir été avocat du roi, comme on parloit alors, c’est-à-dire avocat général, et président à mortier. Ce fut lui qui commença la race, car son père, qui étoit de Bourgneuf, près de la Rochelle, ne fut jamais que procureur au parlement. Mme de Leuville dont on parle ici étoit nièce de Laigues, un des importants de la Fronde, qu’on prétendit que la fameuse Mme de Chevreuse avoit, à la fin, épousé secrètement. Sa nièce tâcha aussi d’être importante.