Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
parlement finalement avortée. — Le parlement informé du risque qu’il a couru, qui le lui a paré, et qui y a poussé. — Duchesse du Maine à Chamlay, où Mme la Princesse la visite. — Officiers du sang, et leur date. — Usurpations et richesses. — Le chevalier de Vendôme vend au bâtard reconnu de M. le duc d’Orléans le grand prieuré de France, et veut inutilement se marier. — Retour de Plénoeuf en France. — Raisons d’en parler. — Plénoeuf, sa femme et sa fille ; quels. — Courte reprise de sa négociation de Turin avortée par l’intérêt personnel et la ruse singulière de l’abbé Dubois. — Étrange trait de franchise de Madame, qui rompt tout court la négociation de Turin. — Digression sur les maisons d’Este et Farnèse. — Maison d’Este. — Bâtards d’Este, ducs de Modène et de Reggio jusqu’à aujourd’hui. — Maison Farnèse. — Farnèse bâtards, duc de Parme et de Plaisance.


Enfin l’alliance du nord se démancha. Le roi de Suède n’étoit plus, et la faiblesse où son règne avoit réduit ce royaume contribua beaucoup à la paix qu’il conclut enfin avec le roi d’Angleterre. Le czar, déjà adouci par la même raison, même du temps dernier de Charles XII, étoit plus occupé du dedans que du dehors ; le roi de Danemark demeura seul, faisant la guerre en Norvège. C’est grand dommage que les Mémoires de M. de Torcy ne soient pas venus jusqu’à ce temps-ci, et que le joug de l’abbé Dubois n’ait pas laissé la liberté à M. le duc d’Orléans de me parler aussi librement, qu’il avoit accoutumé de l’intérieur, des affaires étrangères : c’est ce qui m’y rendra sec désormais, parce que je ne veux dire que ce que je sais par moi-même ou par des gens assez instruits pour que je puisse m’y fier, et les citer pour garants.

Le roi d’Espagne, qui s’étoit approché de son armée, et qui même l’étoit venu voir, s’en retourna à Madrid. Le prince Pio, qui la commandoit, ne se trouva pas en état de s’opposer à rien. Il se contenta de bien faire rompre autour de l’abbaye de Roncevaux les chemins qu’on y avoit faits à grand’peine pour le canon et les autres voitures, dans un temps où on n’imaginoit pas qu’il pût jamais arriver de rupture avec Philippe V.