Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/334

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recueillit à Rome d’avoir osé les faire et les publier, et de n’avoir pu être arrêté par tous les ménagements que le régent avoit eus pour lui. Ce n’étoit pas des ménagements qu’il souhaitoit, c’étoit tout le contraire, pour acquérir à Rome la qualité de martyr et en recueillir le fruit. Aussi en fit-il tant que l’emportement d’une de ses lettres la fit brûler par arrêt du parlement ; aussi en fit-il éclater sa joie et son mépris un peu sacrilègement. Il fonda une messe à perpétuité dans son église, à pareil jour, pour remercier Dieu d’avoir été trouvé digne de participer aux opprobres de son fils unique pour la justice ; il espéroit sans doute engager à quelque violence d’éclat, par cette étrange fondation, qui le conduiroit plus tôt à son but : il y fut trompé.

Le châtiment alors ne pouvoit tomber que sur sa personne, et on ne peut agir contre la personne d’un pair qu’au parlement, toutes les chambres assemblées et les pairs convoqués. Outre l’embarras d’une affaire de cette qualité, la constitution et ses suites étoient détestées, et on ne craignoit rien tant là-dessus que l’assemblée du parlement. On laissa donc tomber l’éclat où l’archevêque vouloit engager. Sa conduite, qui scandalisa jusqu’aux plus emportés constitutionnaires, le décrédita même dans leur parti ; mais les prélats ne donnoient pas les chapeaux ; ce n’étoit qu’à Rome qu’ils se distribuoient, et ce n’étoit que vers Rome que toutes ses démarches se dirigeoient. Enfin il fut content par la promotion dont il s’agit ici ; lui et son ami Bentivoglio y furent compris tous deux. Ces violents procédés ne le servirent peut-être pas mieux que ses flatteries. Le pape se piquoit singulièrement de bien parler et de bien écrire en latin ; il vouloit s’approcher de saint Léon et de saint Grégoire, ses très illustres prédécesseurs ; il s’étoit mis à faire des homélies ; il les prononçoit, puis les montroit avec complaisance ; pour l’ordinaire, on les trouvoit pitoyables, mais on l’assuroit qu’elles effaçoient celles des pères de l’Église les plus savants, les plus élégants et les plus solides. Mailly s’empressa