Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/424

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et quelque temps après, sauta sur lui, et de là sur la table, où il se mit à se promener, et aussitôt le duc de Noailles à crier, parce qu’il craignoit les chats. M. le duc d’Orléans se mit aussitôt en peine pour l’ôter, et moi à sourire, et à lui dire : « Eh, monsieur, laissez ce petit chat, il fera le dix-septième ! » M. le duc d’Orléans se mit à rire de tout son cœur, et à regarder la compagnie qui en rit, et le roi aussi, qui m’en parla le lendemain à son petit lever, comme en ayant senti la plaisanterie, mais en deux mots, ce qui courut Paris aussitôt.

Il y eut beaucoup de nouveaux prisonniers à Nantes, et on supprima vingt-six présidents ou conseillers du parlement de Bretagne, qu’on remboursa avec du papier. Ce ne furent point les vingt-six charges des dernières augmentations ; ce furent les personnes en jardinant (comme on dit des coupes de futaies), choisies dans cette compagnie desquelles on étoit mécontent. Cela n’y causa pas le plus petit mouvement, la commission du conseil se rendoit redoutable à Nantes, et il y avoit des troupes répandues dans la province.




CHAPITRE XX.


Abbé Dubois obtient l’archevêché de Cambrai. — L’abbé Dubois refusé d’un dimissoire par le cardinal de Noailles, en obtient un de Besons, archevêque de Rouen, et va dans un village de son diocèse, près de Pontoise, recevoir tous les ordres à la fois de Tressan, évêque de Nantes ; se compare là-dessus à saint Ambroise. — Mot du duc Mazarin. — Singulière anecdote sur le pouvoir de l’abbé Dubois sur M. le duc d’Orléans, à l’occasion du sacre de cet abbé. — Sacre de l’abbé Dubois par le cardinal de Rohan. — Les Anglois opposés au roi Georges, ou jacobites, chassés de France à son de