Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/437

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le subalterne de la fête et pour tout ce qui s’y voulut fourrer. Les premiers gentilshommes de la chambre de M. le duc d’Orléans et ses premiers officiers firent les honneurs de la cérémonie, placèrent les gens distingués, les reçurent, les conduisirent, et d’autres de ses officiers prirent les mêmes soins à l’égard des gens moins considérables, tandis que tout le guet et toute la police étoit occupée à faire aborder, ranger, sortir les carrosses sans nombre avec tout l’ordre et la commodité possible. Pendant le sacre qui fut peu décent de la part du consacré et des spectateurs, surtout en sortant de la cérémonie, M. le duc d’Orléans témoigna sa satisfaction à ce qu’il trouva sous sa main de gens considérables de la peine qu’ils avoient prise, et s’en alla dîner à Asnières avec Mme de Parabère, bien contente de l’avoir fait aller au sacre qu’il vit, et à ce qu’on lui imposa [1] peut-être trop véritablement, qu’il vit, dis-je, peu décemment depuis le commencement jusqu’à la fin. Tous les prélats, les abbés distingués, et quantité de laïques considérables furent invités pendant la cérémonie par les premiers officiers de M. le duc d’Orléans à dîner au Palais-Royal. Les mêmes firent les honneurs du festin qui fut servi avec la plus splendide abondance et délicatesse, et apprêté et servi par les officiers de M. le duc d’Orléans et à ses dépens. Il eut deux tables de trente couverts chacune dans une grande pièce du grand appartement, qui furent remplies de ce qu’il y avoit de plus considérable à Paris, et plusieurs autres tables également bien servies en d’autres pièces voisines pour des gens moins distingués. M. le duc d’Orléans donna au nouvel archevêque un diamant de grand prix pour lui servir d’anneau. Toute cette journée fut livrée à cette sorte de triomphe qui n’attira pas l’approbation des hommes ni la bénédiction de Dieu. Je n’en vis pas la moindre chose, et jamais M. le duc d’Orléans et moi ne nous en sommes parlé.

  1. Le verbe imposer est ici pris dans le sens d’imputer.