Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/445

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a vu ici que j’avois fait donner une abbaye sans les connoître ;

Mme de La Hoguette, veuve d’un lieutenant général sous-lieutenant des mousquetaires, mort aux précédentes guerres du feu roi en Italie, qui étoit un fort galant homme et très estimé. Cette femme étoit fort riche, avare, dévote pharisaïque, toute merveilleuse, du plus prude maintien, et qui sentoit la profession de ce métier de fort loin avec de l’esprit et de la vertu, si elle eût bien voulu n’imposer pas tant au monde ; elle étoit très peu de chose, et toutefois merveilleusement glorieuse. Son mari étoit neveu de La Hoguette, archevêque de Sens, si estimé et si considéré sans le rechercher, et qui refusa l’ordre du Saint-Esprit avec une humilité si modeste, comme on l’a vu en son lieu ici. La fille unique de Mme de La Hoguette, qui avoit épousé Nangis, fut sa seule héritière, et avec beaucoup de patience et de vertu n’en fut pas plus heureuse ;

Mortagne, officier général, qui s’étoit fait estimer dans la gendarmerie et dans le monde. Il en a été parlé sur ses deux mariages, l’un et l’autre assez singuliers. Il s’étoit fait chevalier d’honneur de Madame. C’étoit un fort honnête homme, mais de fort obscure naissance. Son père étoit un riche maître de forges devers Liée, qui laissa à son fils un nom qui n’étoit pas à lui. Il laissa une fille unique et une veuve assez digne du duc de Montbazon, mort enfermé à Liège, père de son père, dont la plupart de la postérité s’est sentie peu ou beaucoup.

Mme la Duchesse, sœur de M. le prince de Conti et de Mlle de La Roche-sur-Yon, mourut le 21 mars à Paris, dans l’hôtel de Condé, après une fort longue maladie, à trente et un ans, au bout de sept ans de mariage, dont il a été parlé ici en son temps, pendant lequel elle ne s’étoit pas contrainte : elle fut plainte sans être regrettée. Les princes du sang rebutés de leurs tentatives inutiles de faire garder le corps de ces princesses, l’usage de brusquer l’enterrement,