Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/473

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

consommation ; et profusions en attendant aux ducs de Brancas père et fils. Les discours ne furent pas épargnés sur ce beau mariage. Que ne fait point faire auri sacra fames ? Mais l’affaire avorta avant la fin de la bouillie de la future épouse, par la culbute de Law. Les Brancas, qui s’en étoient doutés, le père et les deux fils, s’étoient bien fait payer d’avance ; le comble fut que les suites de cette affaire produisirent des procès plus de quinze ans après, qui furent soutenus sans honte. Ces Brancas-là n’y étoient pas sujets.

M. le duc d’Orléans, qui prodiguoit tout de plus en plus, accorda à Dreux la survivance de sa charge pour son fils. Ce n’étoit pas pour le mérite du père qui n’étoit pas imposant, et dont la conduite pleine d’ignorance, de brutalité, et qui pis est d’infidélité dans cette charge, n’en méritoit pas la conservation, bien loin d’une survivance à un fils de vingt ans. Ce ne pouvoit être le désir de gratifier le parlement en une de ses bonnes et anciennes familles ; celle-ci qui venoit de peu y étoit toute nouvelle, et les services militaires du père, aussi borné qu’il l’étoit, n’auroient pu durer longtemps sans l’appui de Chamillart son beau-père qui le poussa, et par la considération duquel, même après sa chute, sort gendre continua d’être employé dans l’état des armées parmi le grand nombre, et où, à la valeur près, il fut toujours compté pour rien. Ce fut donc à Chamillart encore que cette survivance fut accordée. Cette charge de grand maître des cérémonies fut créée par Henri III pour M. de Rhodes, et il est vrai qu’elle ne convient qu’à des gens de la première qualité. MM. de Rhodes l’ont conservée jusqu’au dernier, qui, se voyant perclus de goutte et sans enfants, la vendit à Blainville, frère de Saignelay, ministre et secrétaire d’État, duquel Chamillart la fit acheter par son gendre pour le recrépir et pour, à l’abri fictif de cette charge et plus du crédit du beau-père qui fit tout et qui étoit lors à l’apogée de sa faveur, faire entrer sa fille dans les carrosses, manger et aller à Marly. Peu après cette survivance, Dreux maria